Vendredi 17 janvier
18h40 : Retour à Guilers pour un « point presse », en fait une réunion de bénévoles où je dois quérir quelques renseignements en vue d’un article. Je ne ressens toujours aucune nostalgie à retrouver la ville de mon enfance, mon hypersensibilité a des limites. Conformément à mes mauvaises habitudes, j’arrive largement en avance et je suis bien surpris de découvrir que tous les bénévoles sont déjà là ! Interloqué, je leur demande de m’expliquer : en fait, ils étaient tous venus avant l’heure qu’ils m’avaient donnée et ils attendaient mon arrivée pour commencer ! Voilà bientôt cinq ans que j’écris dans un journal local et je suis toujours aussi étonné de l’importance que la presse garde aux yeux des gens…
Samedi 18 janvier
13h : Me voilà aux Capucins où se tient le forum des projets soumis au vote des citoyens dans le cadre du budget participatif 2020 : c’est une bonne initiative qui devrait faire taire (mais ne rêvons pas) les râleurs professionnels qui rabâchent qu’on ne leur demande jamais leur avis sur rien… En fait, je suis là pour avoir quelques précisions à propos d’un projet auquel j’ai déjà consacré un papier dans Côté Brest : au vu de l’impact de cet hebdomadaire sur la population (j’ai eu plusieurs fois l’occasion de m’en rendre compte), autant dire que j’ai donné un avantage à ce projet au détriment des autres ! D’un autre côté, pour présenter tous les projets dans le détail, tout le journal n’y aurait pas suffi ! Encore que l’intérêt des projets est quand même assez inégal : certains ont des dossiers solides et représentent un intérêt réel pour la ville, d’autres sont sympathiques mais moins utiles ou simplement désavantagés par un dossier assez léger. D’autre part, je m’étais borné à faire mon travail, sans malice : les porteurs du projet m’avaient directement contacté, j’ai remonté le dossier à la rédaction qui a donné son feu vert pour un article, c’est tout. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un correspondant de presse dans ses contacts… Je profite de mon passage pour voter sur place : j’aurais pu le faire sur Internet mais ça me gonflait. Je ne suis décidément pas de mon époque.
22h : Je devrais me reposer en prévision de la route que j’ai à faire demain, mais je ne suis décidément pas raisonnable : je ne peux m’empêcher de penser à une BD que j’ai commise dernièrement et où il y a un détail qui me chiffonne. N’y tenant plus, je me lève de mon lit et je m’installe à mon bureau de dessin, en pyjama, pour corriger ce qui cloche à mes yeux et je perds trois précieuses heures de sommeil à éliminer des scories que personne d’autre n’aurait remarqué. Je ne sais pas si je suis perfectionniste ou seulement masochiste voir carrément débile mental : mais pour faire de la bande dessinée il faut être un peu les trois à la fois, surtout quand on fait partie, comme moi, des irréductibles qui se refusent obstinément à remplacer le bon vieux papier par une tablette graphique. Quand je vous disais que je n’étais pas de mon époque…