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Le journal du professeur Blequin (50)

Publié le 02 février 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (50)Vendredi 31 janvier

17h30 : Je me rends à la galette des rois d’une association de Lambé qui m’avait fait faire une conférence ; je suis sûrement le plus jeune dans toute l’assistance, mais cela m’indiffère : dans chaque génération, on retrouve à peu près les mêmes proportions d’imbéciles et de gens intéressants. J’ai d’ailleurs la chance d’y rencontrer une dame qui fut la dernière patronne de la Librairie de la Cité, un lieu mythique qui était le rendez-vous de tous les bibliophiles de Brest avant l’avènement de Dialogues… En toute modestie, je pense que j’ai raison de m’entraîner dès aujourd’hui à ne pas préjuger des gens en fonction de leur âge : d’une part, je n’oublie pas que je deviendrai vieux moi aussi et, d’autre part, quand ce sera mon tour, il vaudra mieux que je sois habitué à ne pas mépriser systématiquement les jeunes dont j’aurai sûrement besoin ! Pour revenir à cette galette des rois, certains convives déplorent l’absence du curé ; je me permets une pique : « Pourtant, les curés ne sont pas débordés ! » Mes interlocuteurs me rétorquent qu’aujourd’hui, un seul curé s’occupe de dix ou quinze paroisses : ne comptez pas sur moi pour les plaindre, personne ne les a forcé à faire ce métier de charlatan ! Le jour où il n’y aura plus personne pour dire la messe sur tout l’hexagone, ça fera une religion morte de sa moche mort (aucun culte ne mérite de « belle » mort) en France et nous serons enfin libérés d’une servitude millénaire… Ben quoi, on peut rêver, non ?

Le journal du professeur Blequin (50)
Samedi 1er février

14h : Me revoici à Guilers où la fête du jeu bat son plein : j’y retrouve une amie avec qui je joue successivement au « Nain jaune », au « Labyrinthe » et au « Blokus ». D’habitude, je n’aime guère les jeux de société, mais en ce moment, j’ai besoin de me changer les idées : les rares échos qui me viennent de l’actualité mondiale et nationale me font voir la vie en noir. Rien que le Brexit me déprime : maintenant que les Anglais sont sortis de l’Europe, qui vont-ils accuser de tous leurs maux ? Yoko Ono, peut-être ?

Le journal du professeur Blequin (50)

18h15 : J’arrive au café-librairie Gwennili, au Faou, où le collectif Synergie organise une scène ouverte. Des trois poèmes que je lis, le public semble préférer ma fable où une jeune femme perd trente kilos pour séduire celui qu’elle aime et finalement l’entende dire qu’il préfère les rondes… Je serai bien incapable d’en tirer une conclusion ! Concernant les autres artistes, il y a à boire et à manger parmi tous les poèmes déclamés à cette occasion mais je suis davantage marqué par les prestations de Slamity Jane, ce petit diable urbain au timbre sautillant, et par les contes malicieux de ce cher Michel Lidou ; ça n’engage que moi, bien sûr !

21h : Je profite de mon passage au Faou pour passer la soirée en compagnie d’une amie très chère ; au fil de la conversation, elle en arrive à me parler de la sœur d’une de ses proches qui sort avec une Marocaine : leur amour est condamné à une semi-clandestinité pour la bonne raison qu’au Maroc, l’homosexualité conduit directement en prison… Et pendant ce temps, en France, il y a des abrutis qui présentent les droits accordés aux homosexuels comme un privilège accordé à une « communauté » (quel vilain mot) capricieuse : c’est raisonner typiquement en occidental pourri-gâté ! Si on regardait un peu plus ce qui se passe à l’étranger, on dirait peut-être moins de bêtises. Peut-être.


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