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Le journal du professeur Blequin (51)

Publié le 03 février 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (51)Dimanche 2 février

11h : Avant de repartir pour Brest, je prends le petit déjeuner avec mon amie et son petit garçon plein de caractère. Celui-ci me confirme ce que je pensais concernant la lucidité de cette jeune génération : il nous parle du continent de plastique dû à l’agglomération de nos déchets et évoque une vidéo où un gamer aurait tenté l’expérience de passer vingt-quatre heures non-stop devant sa console ; à l’issue de ce défi, il n’avait quasiment plus l’usage de ses jambes ! Mon amie compare cette expérience à celle de Morgan Spurlock dans Supersize me ; pour ma part, cela me conforte dans mon choix de ne pas avoir plus d’appareils électroniques qu’il ne m’en faut et de ne plus jamais toucher aux jeux vidéo ! On m’a beaucoup reproché de caricaturer les geeks, mais les faits sont têtus.

Lundi 3 février

11h30 : Dans notre série « comment vous pourrir le moral dès le début de la semaine », une chape de béton m’est tombée dessus ce matin : pour me faire payer les treize malheureuses heures de cours que j’ai données au dernier semestre, je dois faire en ligne une « procédure de dossier simplifié » avec une marche à suivre détaillée en quatorze (14 !) pages si indigestes qu’elles donneraient de l’urticaire à un crapaud-buffle ! Si c’est une version « simplifiée », je n’ose pas imaginer la version complète ! Pour ne rien arranger, je dois activer un « compte informatique » que je serais censé avoir et dont je ne sais rien. Voilà un autre immense progrès que nous devons à l’informatique  : forcer les chercheurs à faire, pour pas un rond de plus, des boulots administratifs pour lesquels ils ne sont absolument pas formés ! Cerise sur la gâteau, la dame qui m’a envoyé tout ça a eu le culot de conclure son mail par : « N’hésitez pas à me contacter en cas de difficultés » ! Je préfère ne pas répondre à ça, ne trouvant pas de manière polie de lui dire que ce qu’elle me demande est déjà une difficulté en soi ! Je me suis toujours défendu, en tant qu’autiste Asperger, d’avoir besoin de la moindre assistance dans la vie quotidienne, mais j’aurais bien besoin d’aide face à toutes ces formalités à la mords-moi-l’formulaire ! Cela dit, même sans mon handicap, tout le monde aurait besoin d’une aide dans ce genre de situation… Nous avons fait de la vie un travail à temps plein qui demanderait des compétences d’administrateur, de mathématicien, de juriste et d’informaticien pour être seulement supportable au quotidien : tout le monde sait que notre civilisation ne mérite pas de vivre, même si peu de gens osent l’avouer.

17h30 : La série noire continue : une poétesse dont j’avais accepté d’illustrer le recueil m’a annoncé qu’elle ne pourra pas me donner la « petite indemnisation » prévue. En clair, on veut me faire bosser gratuitement, une fois de plus… Où va-t-on si même une autre artiste n’est pas capable de comprendre que dessiner est un vrai travail et que ce n’est pas parce qu’on prend du plaisir à l’exercer qu’on est prêt à travailler gratuitement ? Je me demande si un jour quelqu’un me respectera…


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