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Le journal du professeur Blequin (145)

Publié le 13 février 2021 par Legraoully @LeGraoullyOff
Le journal du professeur Blequin (145)Claire Morin, alias Slamity Jane, vue par votre serviteur.

Lundi 8 février

14h : Passage chez Claire Morin, présidente du Collectif Synergie, pour enregistrer l’émission de radio mettant en avant les artistes de l’association, dont je fais partie. Chaque fois qu’on m’interviewe, quelle que soit la personne qui m’interroge, je repense à cette citation de Quino, le créateur de Mafalda : « L’ennui avec les interviews, c’est qu’il faut répondre du tac au tac à un journaliste tout ce qu’on pas su se répondre à soi-même toute sa vie. Et en plus, il faut avoir l’air intelligent. »

Le journal du professeur Blequin (145)

15h30 : Passage chez Myriam Guillaume, auteur de Flot raison, un recueil de poèmes illustré par une brochette d’artistes dont votre serviteur. Je récupère l’exemplaire qui m’était dû et, sans me vanter, je suis assez fier des deux dessins que j’ai commis pour ce livre, à tel point que je ne suis pas sûr de ne pas pouvoir atteindre à nouveau une telle qualité graphique. Il y a des moments où on est touchés par la grâce, allez savoir…

Le journal du professeur Blequin (145)
Mardi 9 février

10h : On nous avait bien dit qu’il allait probablement neiger, mais je ne voulais pas trop y croire car il y avait longtemps que ça n’était plus arrivé en Bretagne. Au lever, d’ailleurs, il n’y avait encore rien, même s’il faisait déjà très froid. C’est au moment de prendre ma douche que j’ai vu tomber les premiers flocons : j’ai bien cru que j’hallucinais… Mes ablutions terminées, non seulement ça tombait toujours mais ça avait l’air de tenir ! Pas assez pour gêner la circulation, mais suffisamment pour donner une note de féérie au décor… Je ne résiste pas à la tentation, je m’assieds devant la porte-fenêtre pour regarder la neige dansant avec le vent et recouvrant d’albâtre le paysage… Le séminaire auquel j’étais censé participer a été reporté, mais quitte à être bloqué, je préfère que ce soit par la neige que par des mesures sanitaires imbéciles : dans cette ambiance morose, ça fait du bien de se payer une tranche de beauté !

Le journal du professeur Blequin (145)
Pierre Lescure vu par votre serviteur.

20h : Pierre Lescure est de retour sur le plateau de C a vous ; apparemment, il aurait attrapé le Covid mais le revoilà frais comme un gardon, à 75 ans… Je ne vais évidemment pas me plaindre de le revoir en bonne santé, mais c’est quand je vois ça que je me demande si le virus mérite VRAIMENT qu’on bride à ce point nos libertés…

Mercredi 10 février

9h30 : Le neige fond déjà ; elle n’aurait finalement pas empêché la tenue du séminaire, mais tant pis. La vigilance orange est levée, tout va très bien madame la marquise…

11h30 : Une gaffe comme j’en ai le secret : distrait, j’efface TOUS les mails de ma boîte. C’est curieux, mais je suis presque soulagé, comme si j’avais finalement accompli ce que je désirais faire depuis un certain temps sans me l’avouer. Après tout, j’ai une liste de toutes les tâches vraiment importantes à accomplir, alors pourquoi m’encombrer plus longtemps d’une messagerie surchargée dont la vue me déprimait chaque jour un peu plus ?

Le journal du professeur Blequin (145)
Jeudi 11 février

10h : Bravo, les autorités ! La neige retombe de plus belle… Ils ne sont pas plus doués avec les intempéries qu’avec les pandémies ! Mes parents maintiennent quand même leur marche quotidienne : je retiendrai ainsi que le jour de ses 70 ans, mon père sera sorti marcher en short sous la neige, ce qui ne peut que me rassurer sur son état physique… Quant à moi, une fois encore, je regarde tomber les flocons, comme une seconde dose de pureté venue assainir une atmosphère viciée…

12h45 : La tentation est trop forte, je sors à mon tour faire une promenade. Il y avait si longtemps que je n’avais pas marché dans la neige… Je prends la direction de l’arrière-pays, là où personne ne me forcera à m’affubler d’un masque et où je pourrai ainsi respirer l’air vivifiant à pleins poumons… Ah, quelle joie indicible de sentir le froid, de retrouver la liberté de mes mouvements ! Je fais un pied de nez à toute les mesures imbéciles qui nous étouffent depuis des mois, soi-disant pour notre bien… Chemin faisant, je croise trois personnes en voiture qui me demandent si je connais une pente où ils pourraient faire de la luge sans être gênés par la circulation : je leur réponds que je ne peux pas les renseigner… Ils se croient à Avoriaz, ou quoi ?

21h : Mes parents n’ayant aucune envie de voir Darmanin débattre avec la chienne de Buchenwald, ils décident de regarder Quatre mariages et un enterrement qu’ils ont déjà vu plusieurs fois mais qui leur parait être le seul programme regardable de la soirée. J’ai déjà vu ce film en 2007, dans le car qui me ramenait de Grèce, et ça ne m’a pas donné envie de le revoir un jour ; non, je ne remets en cause ni la qualité intrinsèque du film ni le charme délicat d’Andie MacDowell, mais il n’y a rien à faire : je ne suis pas cinéphile pour deux ronds, rester deux heures devant un écran pour suivre une histoire n’est définitivement pas ma came, à plus forte raison s’il s’agit d’une comédie romantique ; je ne pense pas avoir un cœur de pierre, mais les histoires d’amour, qu’elles soient comme ci ou comme ça, m’intéressent fort peu. Alors qu’est-ce que je fais ? Je reste le temps de finir mon verre et je vais me coucher : de toute façon, ayant marché dans le froid cet après-midi, il est normal que j’aie sommeil.

Vendredi 12 février

14h : Je ressors me dégourdir les jambes. Il fait encore froid, mais les températures ont légèrement remonté et le gros de la neige a fondu. Sincèrement, elle me manque déjà.

20h : On peut être un grand dessinateur et dire parfois des âneries. Je me souviens que le regretté Bernar, voyant Mademoiselle Agnès sur le plateau de La grande famille, disait qu’elle « ne [savait] rien faire » et qu’elle « se [croyait] irrésistible ». C’était injuste : à la voir aujourd’hui sur le plateau de C a vous pour faire la promotion de la mini-série réalisée par Emma De Caunes, on constate qu’elle a réellement du talent et qu’elle est vraiment irrésistible ; ça n’enlève évidemment rien au génie graphique de Bernar, cet immense artiste trop tôt disparu.


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