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Le journal du professeur Blequin (191) Semaine de loose

Publié le 11 février 2022 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (191) Semaine de looseLundi 7 février

11h : J’ai fait une très grasse matinée. Rien d’étonnant : je me suis couché tard pour rattraper mon retard, je ne suis pas encore remis de mon aller-retour à Nantes et, par-dessus le marché, j’ai attrapé un gros rhume. La journée s’annonce pluvieuse, ça me fait un prétexte pour ne pas sortir, j’espère que la journée sera tranquille…

11h45 : En attendant le passage d’un livreur qui doit m’apporter de nouveaux exemplaires de mes deux albums parus à ce jour, j’ai entrepris de faire la vaisselle. Mauvaise surprise : au lieu de sonner à ma porte comme je m’y attendais, il m’appelle au téléphone ! Ayant laissé mon portable à l’étage, je monte les escaliers à tout blinde, les mains encore trempées d’eau savonneuse : trop tard, cet appareil fasciste a déjà mis cessé de sonner. Heureusement qu’il est facile de rappeler quelqu’un qui a essayé de vous appeler ; hélas, il y a des choses contre lesquelles la technologie ne peut rien : quand j’ai le livreur au bout du fil, je propose de descendre lui ouvrir la porte… Mais il m’annonce qu’il n’est pas au pied de mon immeuble mais seulement dans ma rue et que je dois non seulement descendre mais aussi aller le retrouver ! En clair, cette patate n’a pas pris la peine de descendre la petite allée qui mène à mon immeuble et je suis donc obligé de me taper l’aller-retour sous la pluie, en robe de chambre et en pantoufles, pour récupérer un colis lourd comme deux chevaux morts… Ce n’est certes pas la plus pénible des épreuves à laquelle il m’a été donné de faire face, mais c’est quand même désagréable, surtout dans mon état. Je ne sais pas si ce livreur était idiot ou seulement fainéant, mais je ne ferai pas de pub à sa boîte !

Le journal du professeur Blequin (191) Semaine de loose
Mardi 8 février

10h45 : Encore un lever tardif, toujours avec des circonstances atténuantes : je n’ai quasiment pas fermé l’œil de la nuit, mon rhume me privant de sommeil réparateur… Je me passerais quand même fort bien de cette gène, déjà que le contexte me sape le moral…

14h : J’ai des courses urgentes à faire au « petit bourg » de Lambé, cet espace qui vaut à mon quartier la réputation d’avoir gardé une ambiance « de village »  tout en étant au cœur d’une métropole – je mets l’expression entre guillemets car je ne pense pas que la vie de village soit toujours aussi idyllique qu’on se la représente… Devant la boulangerie, j’examine attentivement la façade : il n’est plus écrit nulle part qu’il faille porter un masque. J’entre donc à visage découvert : la vendeuse ne me fait aucune remarque et me sert comme si de rien n’était. Il faut dire aussi qu’à cette heure-ci, j’étais le seul client : je serais curieux de retenter ça ultérieurement, quand il y aura plus de monde…

Le journal du professeur Blequin (191) Semaine de loose

14h30 : J’ai reçu un mail d’un particulier qui rouspète contre les frais de port d’un livre que j’ai mis en vente sur Internet : je lui réponds que ce n’est pas moi qui ai décidé du montant, lequel m’a été imposé par le site. Il insiste en bramant que je n’arriverai jamais à le vendre avec des frais de port aussi élevés : je suis à deux doigts de l’envoyer paître, de lui dire que je n’ai pas besoin de ses conseils, qu’ils se mêle de ce qui ne le regarde pas, que je ne fais pas de la vente en ligne pour m’enrichir mais pour faire de la place… Mais comme j’ai de toute évidence affaire à un mal-comprenant, je préfère briser là et ne pas lui répondre. Si on ne répondait qu’aux messages qui en valent vraiment la peine, on gagnerait beaucoup de temps !

15h : Je reprends la mise au net des écrits de Geneviève ; la chronique de ses années de guerre contient tout de même des récits édifiants, comme celui d’un prisonnier racontant son évasion, qui mériterait déjà à lui seul de faire l’objet d’un roman ! Sincèrement, si on n’arrive pas à passionner les foules avec ça, c’est à désespérer du public ! Mais pour être franc, il y a longtemps que je désespère déjà du public…

Mercredi 9 février

10h30 : Encore une nuit blanche. Je suis fatigué, déprimé, je ne me sens pas en état de faire quoi que ce soit de constructif. J’avais deux rendez-vous, je préfère les annuler. Ça vaut peut-être mieux ainsi : au vu du climat de paranoïa sanitaire dans lequel nous baignons encore, les gens seraient capables d’appeler le Samu si j’avais le malheur de tousser en public !

Jeudi 10 février

10h : Je vais déjà un peu mieux : j’ai le nez moins pris, j’ai enfin pu dormir, mais j’ai encore la gorge bien irritée, non seulement du fait de la toux mais aussi à cause de cette saloperie de morve qui coule vers l’intérieur et non plus vers l’extérieur comme quand j’étais petit ! Il faudra qu’on m’explique ça un jour…

Le journal du professeur Blequin (191) Semaine de loose
Cette anecdote n’enlève évidemment rien au talent de Sylvie et Aurélie.

16h : Je reçois un mail qui ne confirme le retour des concerts debout ; ça me met du baume au cœur même si je sais qu’à titre personnel, je n’en profiterai jamais : la première (et la dernière fois) que j’ai assisté à un concert debout, c’était pour voir le duo Brigitte (oui, et je vous emmerde) à La Carène et je garde un assez mauvais souvenir de cette expérience. Comme je suis incapable de rester debout immobile et ai toujours tendance à me balancer sur mes pieds (ce qui agace souvent mes interlocuteurs), une jeune fille m’a accusé de vouloir me frotter à elle ! De toute façon, j’ai toujours eu horreur d’être debout et je n’ai jamais conçu le plaisir d’assister à un beau spectacle autrement que confortablement assis. Mais je peux refuser une pratique sans accepter que l’on force autrui à l’abandonner : le retour des concerts debout est donc une bonne nouvelle, ne serait-ce que parce que la reconnaissance d’un droit à faire quelque chose est forcément doublée de celle du droit à ne pas faire la chose en question, de sorte que c’est autant de liberté reconquise pour moi aussi !

Vendredi 11 février

Le journal du professeur Blequin (191) Semaine de loose

10h : Moyennement motivé, je vais quand même faire mon marché : le masque est encore abondamment porté. Du côté des commerçants, seule la fromagère se montre à visage découvert, et du côté des clients, il ne doit pas y avoir plus d’une personne sur dix (dont, évidemment, votre serviteur) à en faire autant. Dans la queue pour le stand du charcutier, une vieille dame masquée en interpelle une autre : celle-ci ne reconnaît pas tout de suite sa copine, mais elle finit quand même par l’identifier, et rouspète sur l’air, que j’ai si souvent entendu de « Ah là là, avec ces fichus masques, on ne reconnaît plus personne… » Je suis à deux doigts de leur dire que si les masques les gênent à ce point, elles n’ont qu’à les enlever, maintenant que ce n’est plus obligatoire en extérieur ! Mais si je m’aventure sur ce terrain, elles vont sans doute me dire que le virus circule toujours, qu’à leur âge elles doivent être prudentes et gnagnagni et gnagnagna ! Les gens qui ont peur me font peur…

11h : La boulangerie est bondée, mais il n’est toujours écrit nulle part qu’il faille entrer masqué. Alors je n’en fais rien : certains clients dans la file me regardent d’un sale œil, mais personne ne me dit rien, et surtout pas les vendeurs… L’expérience est concluante ! Mais j’ai du mal à savourer mon triomphe, tant mon rhume m’épuise : je ne vais pas très actif ce week-end… 


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