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Le journal du professeur Blequin (193)

Publié le 26 février 2022 par Legraoully @LeGraoullyOff
Le journal du professeur Blequin (193)Ma meilleure amie et moi en Astérix et Obélix.

Samedi 19 février

19h : Après bien des atermoiements, je me de décide enfin à visionner le DVD d’Astérix et les Vikings que m’avait prêté un ami ; je ne regrette pas, c’est un dessin animé bien fait et j’apprécie particulièrement le traitement de la personnalité d’Obélix, dont la sensibilité a été bien cernée et qu’il serait injuste de réduire à un personnage de gros costaud benêt. Autre aspect frappant, les auteurs ont mis le personnage de Goudurix au cœur d’une histoire d’amour, de même que dans Astérix et Obélix au service de la majesté ; les choses ont beau se passer très différemment d’un film à l’autre, on dirait que les cinéastes, quand ils ont l’occasion de traiter ce personnage, ne peuvent s’empêcher de lui inventer une idylle ou un flirt, ce qui peut s’expliquer aisément : Goudurix est l’un des rares adolescents mis en avant dans la série, il est donc le seul auquel le lecteur qui entre dans l’âge ingrat peut s’identifier au point de projeter sur lui ses propres aventures sentimentales. Les cinéastes ont beau se prendre très au sérieux, surtout en France, ils ont été des adolescents comme les autres, ne l’oublions pas !

Dimanche 20 février

Le journal du professeur Blequin (193)

15h : En attendant la visite d’un couple d’amis, je lis le numéro de Légende consacré à Coluche : je pensais que je n’y apprendrais pas grand’ chose, mais j’ignorais que peu avant de se tuer bêtement à moto, il avait l’intention non seulement de remonter sur scène (ça, je le savais) mais aussi de mondialiser les Restos du cœur et de proposer des solutions concrètes contre le chômage ! Il est vraiment parti trop tôt : avec lui, le monde serait sûrement un peu moins moche… Oui,  je dis juste « un peu moins », je ne m’aventure pas au-delà, il n’est jamais facile de savoir ce que serait devenu un individu mort trop tôt, et quand je vois ce qu’est devenu Gérard Depardieu, ça m’incite à la prudence ! N’empêche, enfoiré, pourquoi a-t-il fallu que tu prennes goût à piloter ces poubelles à deux roues ? Toi, au moins, tu savais parler aux prolos sans flatter leurs plus bas instincts, peut-être les aurais-tu aider à être un peu moins cons et à ne pas gober les âneries débitées par les fachos et les antivax…

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21h : Une fois seul, j’essaie de trouver le sommeil en lisant un autre numéro de Légende, consacré lui aussi à un génie qui n’a pas fini de nous manquer : Brassens. Ce n’est peut-être pas un bon choix car je m’excite assez vite en pensant à quel point notre époque manque d’artistes capables de décrasser la tête de notre génération nihiliste et prête à avaler toutes les stupidités… Le grand Georges avait beau être un poète, il avait les pieds sur terre et ne se laissait pas embobiner par les marchands d’illusion : écouter Brassens, c’est comme lire Cavanna, c’est s’administrer un vaccin contre la connerie, c’est se laver la tête de toute la merde que les crétins et les margoulins y déversent ! Je ne retrouve ça chez aucun autre chanteur de la même génération, pas même chez Brel que j’adore pourtant : quant à Léo Ferré et Jean Ferrat, ils m’ont toujours fait chier… Il me reste un Légende à lire, dédié à la reine Elisabeht II… Aux dernières nouvelles, cette vieille fouine couronnée est toujours vivante, merci ; je n’avais pas réussi à lire le numéro consacré à Zidane, je ne promets d’y arriver davantage pour Sa Majesté !

Lundi 21 février

Le journal du professeur Blequin (193)

18h : Malgré une énième mauvaise nuit due aux caprices de ma santé et un énième réveil retardé par des angoisses que je sais pourtant disproportionnées, je termine la journée sur un bilant satisfaisant : j’ai envoyé à Côté Brest deux chroniques que j’ose croire intéressantes, j’ai avancé dans la remise en page du journal de guerre de Geneviève, j’ai finalisé une peinture et j’ai même eu le temps de faire une dernière relecture du texte de la conférence que je dois donner mercredi – je prévois de parler une nouvelle fois de mon parcours de personne avec autisme, mais en traitant du monde des « gens normaux » comme d’une contrée exotique que j’ai explorée, d’où le titre « Voyage en Normalaisie ». Certaines personnes me disent qu’elles sont impressionnées par tout ce que j’arrive à réaliser, mais ce n’est rien en comparaison de tout ce que je pourrais faire d’autre si je n’étais pas perturbé par ma santé et, surtout, par mon incurable défaitisme…

Mardi 22 février

10h : Le gros de mon rhume est passé, j’ai enfin eu droit à une nuit de sommeil digne de ce nom. Mon lever reste néanmoins tardif car j’ai encore du sommeil à rattraper et mes angoisses ne m’aident pas à sortir du lit… Retrouver le sommeil réparateur est cependant un progrès significatif.

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Mercredi 23 février

13h : Déjeuner à la friterie. Outre ma conférence, j’ai une réunion prévue l’après-midi, alors je prends un gros cornet pour être sûr de tenir jusqu’au soir ; peu diététique, mais efficace. Tout en mangeant, je feuillette le dernier Côté Brest, avec ma chronique historique comme presque toutes les semaines. Mais je ne lis pas que ma propre page et c’est avec plaisir que je découvre que mon copain chanteur Matthieu Le Donge a les honneurs d’un portrait : je n’approuve pas tous ces choix de reprise, mais il assure sur scène et mérite donc amplement d’être mis en avant, et puis quelqu’un qui a étudié la philo et aime Thiefaine ne peut pas être mauvais. Parcourant les pages « cinéma », j’apprends la sortie de deux films avec Depardieu, dont un où il joue Maigret : François Morel s’est trompé, la France n’a pas attendu sa mort pour tout lui pardonner ! Plus intéressant, Anaïs Briec nous présente le documentaire Media Crash, un film qui dénonce la déformation des faits par les médias français, tenus à 90% par neuf milliardaires, lesquels font un pue ce qu’il veulent de la réalité… Bien sûr, ça fait froid dans le dos, mais quand j’arrive à l’antépénultième du page du journal, je retrouve le sourire en lisant cette information sur le Covid-19 : « ceux qui ont 85-89 ans auraient un risque 4 fois plus élevé d’être hospitalisés et 38 fois plus élevé de décéder par rapport aux personnes vaccinées de 45-54 ans« . En clair, quand on a dépassé les 85 ans, on est plus susceptible d’être hospitalisé et de mourir que quand on est plus jeune, pas de doute, c’est le scoop de l’année, le découvreur est bon pour le Nobel !

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Victor Segalen en professeur Tournesol.

14h : Réunion de l’association « Segalen de Brest » à la fac de lettres. Il y avait longtemps que nous ne nous étions pas revus, et il était grand temps que nous nous y remettions : nous n’avons plus un sou en caisse et notre site web a été piraté, de sorte que tout son contenu a été remplacé par des images pornographiques ! La honte… Comme je n’ai pas l’habitude de laisser tomber mes amis et que j’ai sincèrement envie de faire aboutir le projet de livret faisant le bilan des actions menées dans le cadre du centenaire de Victor Segalen, je reste dans l’asso et j’accepte même d’intégrer le secrétariat. Mais tout ceci est quand même peu encourageant…

15h45 : Tant qu’à faire d’être à la fac, comme j’ai trois heures à tuer avant de donner ma conférence qui doit avoir lieu en ces murs, je monte au troisième étage dans l’espoir d’y trouver une collègue qui a promis de me donner des renseignements sur les démarches à accomplir en vue de l’organisation d’une manifestation scientifique ; chemin faisant, je croise un chercheur qui en profite pour me retenir et me passer une commande de dessin, une commande bienvenue, comme tout ce qui peut me permettre de compenser le manque à gagner de tous les mois volés pour cause de Covid… Même si je ne trouve pas ma collègue, je ne serai pas monté pour rien !

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16h : Ma collègue est présente et accepte de m’expliquer comment je dois déposer une demande de financement pour un colloque ou une journée d’étude… J’ai l’intention d’organiser une manifestation scientifique l’année prochaine, à l’occasion du centenaire de Cavanna, et je réalise que j’ai raison de me renseigner un an à l’avance – mais je m’en doutais déjà un peu avant : en France, on ne peut rien faire sans devoir remplir une demi-douzaine de formulaires, et la vie universitaire n’échappe pas à la règle… Je ne suis donc pas au bout de mes peines et je vais sans doute passer un an à me dire que Cavanna a bien fait de partir ! Mais je n’ai même pas besoin d’attendre pour le penser : quand je prends congé de ma collègue, celle-ci asperge de gel hydroalcoolique le fauteuil sur lequel je m’étais assis pour l’écouter…

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17h : Je me trouve un coin tranquille pour lire le dernier Fluide Glacial, que j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres avant de partir. La couverture met à l’honneur Mab, un dessinateur que j’aime bien mais qui me déçoit un peu avec son histoire mettant en scène le retour de Jésus sur Terre : le sujet est plutôt rebattu, on y a déjà eu droit avec la série Djizus, qui n’était pas une réussite et qui a été publiée pendant la courte période où Christophe Goffette était rédacteur en chef (ceci expliquant sûrement cela), puis encore avec Des ailes et pas de couilles qui était déjà plus marrante ; bref, même si brocarder les religions n’est pas pour me déplaire, j’espère que Mab, s’il insiste dans cette, voie apportera une vision nouvelle du sujet qui, dans l’absolu, commence à me lasser. En attendant, je garde mes applaudissements pour Julien Hervieux, car j’adore connaître les petits faits insolites de la grande Histoire, et pour Lefred-Thouron qui nous gratifie d’une planche résumant admirablement ce que je ressens moi-même avec tous ces couples qui se déchirent au premier coup de vent et ces amis qui se fâchent à mort pour des broutilles…
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18h30 : Me voilà déjà installé pour ma conférence, qui commencera dans une demi-heure. Les organisateurs, qui sont étudiants, ne trouvent pas de micro, mais j’apporte la solution : je m’en étonne moi-même, n’étant absolument pas habitué à résoudre un problème technique par mes propres moyens ! Le public n’est pas long à affluer : il faut dire qu’avec l’article publié dans Côté Brest, l’annonce dans ma newsletter, les messages des organisateurs sur Facebook, le professeur Pascale Planche qui a prévenu ses étudiants de licence… Bref, pour ne pas être au courant, il fallait vraiment le faire exprès ! Je renonce assez vite à compter les spectateurs : au total, il doivent être plus de soixante-dix, la plus grande surprise pour moi étant la présence de mon oncle de Saint-Martin-des-Champs… Je n’avais plus pris la parole devant une assistance conséquente depuis de mois : je suis donc content de retrouver le public, mais j’ai un peu le trac !

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Charlotte Corporeau

19h50 : J’ai fini de discourir. L’assistance est satisfaite, on me félicite pour la qualité de mon écriture et de ma pensée : la première à me complimenter en ces termes n’est autre que Charlotte Corporeau, la Jane Goodall des huîtres creuses, ce qui n’est pas pour me déplaire. Je craignais des réactions peu amènes car j’ai quand même exprimé des jugements peu consensuels, mais la seule personne à tiquer, qui plus est sans grande méchanceté, est une femme originaire de Provence qui apprécie modérément mon évocation de la réputation des gens du Midi… Une fois de plus, on me demande ce que ça m’a apporté d’être diagnostiqué Asperger sur le tard : la question a été si souvent posée que je devrais en faire un article ! On me suggère de faire une adaptation théâtrale de ma conférence : je n’en ferai rien, il n’y a pas de place pour l’art dramatique dans mes projets, mais au vu du succès de fréquentation et d’estime de ma causerie, j’envisage sérieusement de la transformer en livre… Mon oncle apporte son témoignage : son point de vue est évidemment précieux, mais connaissant son penchant pour la parlotte, je suis obligé de le freiner dans son élan pour éviter que la conférence ne s’éternise ! Autre témoins importants, ma prof de français et ma prof d’histoire-géo de quatrième, deux femmes bien placées pour attester que je n’affabule pas quand je raconte ce que j’ai eu à subir, du fait de ma différence, alors que j’entrais à peine dans l’adolescence… Ces deux dames respectables me reconduisent à Lambé : l’une d’elle, commentant mes propos, cite les Lettres persanes de Montesquieu : c’est exactement ce que j’ai voulu faire, je suis donc ravi d’avoir si bien atteint mon but ! Il y a des moments qu’on aimerait vivre éternellement…

Jeudi 24 février

9h : Je me suis couché tard, grisé par le succès ; c’est donc à peine réveillé que je reçois un message de félicitations pour la conférence d’hier… Il y a des façons plus désagréables de commencer la journée !

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13h15 : J’arrive chez mon ami Jean-Yves, qui a accepté de me conduire dans deux boutiques où je peux faire tirer des cartes postales, des marque-pages et des tote bags, autant de produits dérivés qui me permettront de monnayer mon talent et de nouer le contact avec le public. Lui aussi était présent à la conférence d’hier soir et me couvre tellement d’éloges que mon ego ne risque pas de prendre froid ! Son épouse, qui conduit la voiture, peste contre la guerre en Ukraine : je ne peux que l’approuver… Racisme, pandémie, nationalisme, conflits armés, fanatisme : on est en 2022 et on en est encore à devoir lutter contre ces fléaux que l’on croyait d’un autre temps ! Les technologies de point dont nous disposons au quotidien sont totalement inutiles, elles ne font pas avancer la civilisation d’un poil, nous vivons toujours sous le règne de la barbarie ! Sommes-nous vraiment au XXIe siècle ? Oui : au XXIe siècle… Avant Jésus-Christ !

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Hommage à Jean-Yves Le Fourn.

14h : Dans les boutiques d’impression, Jean-Yves fait ce que je n’oserai jamais faire : il entre avant l’heure d’ouverture, tutoie d’entrée les patrons, discute avec eux… Pour ma part, j’attends qu’il ait fini de parler pour expliquer ce que je veux. Mais n’allez pas vous imaginer que je lui en veuille : au contraire, je suis content qu’il soit là pour m’introduire dans ces lieux que je ne connais pas, où je n’aurais sans doute jamais osé aller seul, et sa présence atténue grandement mon malaise face à l’inconnu. Jean-Yves est ce qu’on appelle un « ami paravent », et c’est très important pour un autiste Asperger d’en avoir un…

Vendredi 25 février

Le journal du professeur Blequin (193)

10h30 : Je sors faire mon marché. Les affiches du NPA, déjà taguées par les Zemmourroïdes, sont carrément recouvertes par des affiches de spectacle, à savoir celles d’Anne Roumanoff et d’un musicien appelé… Blutch ! On ne lui a pas dit qu’il y a déjà un dessinateur qui a adopté comme pseudonyme le nom du petit caporal insoumis des Tuniques bleues ? Encore une preuve que la connaissance de la BD est plus que lacunaire en France ! Déjà que quand je parle de Jul, les gens pensent plus au rappeur marseillais qu’au créateur de Silex & the city… En tout cas, la seule trace visible de la campagne électorale dans mon quartier est déjà effacée, et sur la place du marché, il n’y a même pas de militant pour distribuer des tracts. Il est vrai qu’entre le virus et la guerre en Ukraine, les gens ont d’autres préoccupations qu’une élection qu’on a tendance à croire gagnée d’avance par Macron… Tout ceci est quand même navrant pour la démocratie.

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Samedi 26 février

14h : Je sors en ville ; j’ai donné rendez-vous à une étudiante en sociologie qui souhaite m’interroger dans le cadre d’un travail sur les écrivains et auteurs bretons. Chemin faisant, je vois quand même deux affiches électorales d’Anne Hidalgo, dont le slogan est « Réunir la France », ce qui, il est vrai, est une meilleure intention que celle de dresser les citoyens les uns contre les autres… Les seuls « militants » que je croise sont des jeunes en manteau vert qui interpellent les gens pour leur parler des menaces qui pèsent sur la biodiversité mais qui ne font même pas campagne pour Yannick Jadot. Décidément, la campagne est bien discrète, mais il est vrai qu’il ne doit pas être facile d’aller à la rencontre d’électeurs encore terrorisés par le virus ! Les jeunes écolos n’en ont que plus de mérite à interpeler les badauds, d’autant que les gens n’acceptent pas forcément leur invitation à discuter avec eux… A commencer par moi-même ! Ben oui, ce n’est pas très gentil de ma part, mais qu’apprendrais-je, à leur contact, que je ne sache déjà ?

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14h30 : Fidèle à ma sale habitude, je suis largement en avance. Pour être sûr de ne pas rater la jeune femme, que je ne connais ni d’Êve ni d’Adam et qui n’est encore jamais venue à Brest, je reste devant l’entrée du café où je lui ai donné rendez-vous : j’entends une certaine agitation venir de la rue Jaurès. J’avais bien vu, en route, qu’on annonçait une manifestation, mais je n’en savais pas plus. Remarquant la présence de deux policiers à moto, je surmonte la répugnance que m’inspire ce corps de métier et je leur demande de quoi il retourne : ils m’expliquent qu’il y a en fait deux manifestations, l’une pour soutenir les Ukrainiens, l’autre contre la vaccination… En somme, aujourd’hui, Brest a le triste privilège d’afficher les deux visages de la France : d’un côté, celui de la patrie des Droits de l’Homme prête à défendre les faibles et les opprimés quelle que soit leur nationalité, de l’autre, celui d’un pays occidental pourri-gâté qui, au nom de conceptions moyenâgeuses, refuse des produits pharmaceutiques pour lequel tant de démunis seraient prêts à se battre… Comme disait Quino, la vie ne devrait être imprimée que d’un seul côté !

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15h : L’étudiante arrive, pile à l’heure. C’est une jeune fille plutôt mignonne, « pas la greluche nippée à la mode, mais une nana de caractère qui [a] l’air de savoir ce qu’elle [veut] » pour reprendre une expression de Nadine Monfils dans Madame Edouard. Je lui paie sa consommation puis elle commence à m’interroger ; notre entretien confirme une autre citation de Quino : « L’ennui avec les interviews, c’est qu’il faut répondre du tac au tac à un journaliste tout ce qu’on pas su se répondre à soi-même toute sa vie. Et en plus, il faut avoir l’air intelligent. » Certes, elle n’est pas journaliste, elle n’est qu’étudiante, mais je fais quand même ce que je peux pour répondre à ses questions, et je dois tellement bafouiller que si elle arrive à retranscrire textuellement notre conversation, alors elle être très brillante ! D’un autre côté, les jeunes sont plus doués qu’on a tendance à le penser, de nos jours…
Le journal du professeur Blequin (193)

16h30 : L’entretien s’est prolongé : je descends la rue Jean Jaurès en compagnie de la demoiselle qui ne connait pas très bien Brest mais qui ne risque pas de se perdre si elle se borne à suivre les deux principales artères de la ville comme elle en a le projet ; j’en profite pour lui parler un peu de l’histoire de la ville… Chemin faisant, elle voit que le tram est bloqué par les antivax : elle téléphone donc à la personne avec laquelle elle a rendez-vous pour la prévenir de ne pas prendre ce moyen de transport ; pendant qu’elle passe ce coup de fil, nous croisons les manifestants et je toise du regard ces cinglés qui, tels de vulgaires militants d’extrême-droite, ont confisqué le drapeau tricolore pour leur croisade digne du temps où l’on brûlait les « sorcières »… L’un d’eux me tend un tract : excédé, je donne une grande claque dans le papelard pour signifier ma réprobation ! Arrivé au niveau de la place de la Liberté, je laisse ma jeune intervieweuse et je me dirige vers l’arrêt de bus pour rentrer à Lambé, pressé de quitter ce centre-ville où les fous sont en liberté !

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16h45 : Dans le bus, je regrette vite d’avoir oublié mes boules Quiès : deux gamins, surexcités par une sortie familiale au cirque, poussent des cris sans discontinuer… Je pourrai m’en plaindre ou, à la rigueur, faire comprendre à ces enfants que leurs cris me donnent mal au crâne, mais ils sont tellement mignons, surtout la petite métisse, que je n’ose pas me lever de mon siège. De surcroît, comme je ne porte pas de masque (et je vous emmerde), je n’ai pas trop intérêt à la ramener… L’entretien plus ça, je suis lessivé, vivement que je rentre ! Une fois descendu du bus, je pousse un soupir de soulagement… Et j’arrache une affiche anti-vaccination : ça soulage !


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