Magazine Nouvelles

Angelus Novus

Publié le 25 mars 2022 par Jlk
157776700_10226109493630708_195863964425934333_o.jpgLectures du monde (2022- 2011)À la Maison bleue, ce dimanche 20 mars 2022. – La UNE du quotidien 24 heures de ce samedi 19 mars était consacrée à la restauration des bancs de la cathédrale de Lausanne, avec un focus sur leur moindre rentabilité en cas de concerts, et ce «sujet», monté en épingle comme on l’a fait récemment du débat de certains pasteurs genevois relatif au sexe de Dieu et d’une masculinité du divin qui devrait être reconsidérée « en toute sérénité », tout ça, pendant que la guerre fait rage en Ukraine, sans m’enrager pour autant à mon tour, m’a laissé « sans voix », comme on dit… Ce lundi 21 mars 2022. – Tous les matins je retrouve LA poésie en me replongeant dans MA poésie, et tout à l’heure, par un de ces hasards qui n’en sont pas, reprenant l’exemplaire de L’Échappée libre que j’avais dédicacé à ma bonne amie, je découvre, à l’avant-dernière page du livre, une note au stylo de sa main renvoyant à trois dates précise, dont la première est le 1er janvier 2011, avec le titre Angelus novus (!) et cette page qui me semble de mes choses (parfois) bien venues : ANGELUS NOVUS. — L’aube de ce premier jour de l’an avait des doigts de rose au-dessus des monts enneigés, pour le dire comme le vieil Homère, et c’est en effet tout Homère que je me sens ce matin au milieu de mes beautés et autres silencieux, à songer à tout ce qui bat de l’aile au double sens du terme dans le monde et le temps.Unknown-8 2.jpegC’est évidement de l’Homère de L’Iliade qu’il s’agit ce matin sur le champ de bataille pacifique de notre lit d’où émergent de loin en loin mouvements ou soupirs des lendemains d’hier faisant écho à ceux des maisons d’alentour et des villes et de partout où s’égaille la famille humaine.À Nouvel An toute la famille humaine devrait cohabiter sous le même toit. Les agapes de la veille ont scellé une fois de plus l’alliance transitoire des fratries et des pactes plus ou moins conjugaux, mais on n’en oublie pas pour autant les séparés et les chutes d’anges, et que les fêtes sont amères pour beaucoup…Reste à savoir ce qui nous attend. Reste à laisser parler les mots qui viennent, ces mots qui nous savent, ce matin, un peu plus qu’hier et c’est cela, le temps, je crois, ce n’est que cela : c’est ce qu’ils diront de ce que nous aurons fait des heures qui viennent et des choses apprises au fil des heures — des choses sues. Les mots nous attendent derrière la porte de ce premier matin du monde et ils attendent de nous, mon cher Homère, que nous leur faisions bon accueil en sorte de dire, simplement, ce qui est. Prenons bien soin d’eux. Prenons bien soin de nous. Prenons bien soin de ceux que nous aimons.L’ange en pardessus gris muraille : « J’aimerais ne plus éternellement survoler. J’aimerais sentir en moi un poids, qui abolisse l’illimité et m’attache à la terre. Pouvoir, à chaque pas, à chaque coup de vent, dire « maintenant, maintenant, maintenant », et non plus « depuis toujours ou « à jamais ». (À La Désirade, ce 1er janvier 2011) Peter Handke : « Être de nouveau secoué dans le métro avec tout le monde. »PICTOR. — J’ai repris la peinturlure depuis quelques jours, et avec un plaisir renouvelé, également stimulé par les choses qu’a produites ma bonne amie ce dernier mois. À vrai dire, je suis assez bluffé par la sûreté avec laquelle elle a entrepris ses peinturages, qui me touchent par la justesse de la couleur et la consistance de la vision. Après deux couchers de soleil flamboyants, qui ont quelque chose un peu de Vallotton, elle a réussi deux petits formats, avec une vieille Chinoise dans un jardin public, et une petite fille regardant au-delà d’une rivière, d’une délicatesse intime et d’une justesse de ton remarquables dans les rapports de couleurs, sans rien de mièvre ni de convenu. (À La Désirade, ce 4 janvier) Celui qui retrouve ses papiers de jeunesse et les promesses qu’il s’est faites ou pas et qu’il a tenues ou pas / Celle qui dit selon mon analyse / Ceux qui sont peu aimés en retour de leur peu d’amour, etc. (Extrait de L'Échappée libre, Lectures du monde 2008-2013, paru à L'Âge d'Homme en avril 2014)

Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazines