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Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequin

Publié le 29 mai 2022 par Legraoully @LeGraoullyOff
Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinFinalement, je me connais mal…

Dimanche 22 mai

6h50 : Mais qu’est-ce que je peux bien faire, debout de si bonne heure un dimanche matin, en pleine rue et chargé comme un mulet ? C’est très simple : avant de faire don des livres que j’ai récupérés chez mes parents, je vais essayer de les revendre à un vide-grenier auquel je me suis inscrit. Pourquoi y vais-je si tôt ? Parce que je déteste me précipiter et que je tiens à avoir le temps de m’installer tranquillement avant l’ouverture. Pourquoi y vais-je à pied ? Parce qu’aucun bus ne circule si tôt le dimanche, en tout cas dans mon quartier. Pourquoi y vais-je sans aucune aide ? Parce que le vide-grenier a lieu aux halles de Kerinou, situées à moins d’une demi-heure de marche de chez moi, et que je n’ai pas eu le courage de solliciter un de mes amis pour une distance aussi courte que je peux parcourir à pied. Une fois passée l’étape la plus dure, à savoir monter la côte jusqu’à la place des FFI, il reste à descendre la rue Robespierre, elle aussi en pente : ce n’en est pas moins une petite aventure et je me promets, si j’arrive au bout, de raconter cette anecdote à la première personne qui remettrait en cause ma condition physique ! On ne pourra plus dire que je suis le dernier des obèses… Le dernier des imbéciles, à la rigueur, pour m’imposer des épreuves pareilles !

9h : Voilà déjà un peu plus d’une heure que je suis installé ; à ma grande surprise, la marchandise part relativement bien et je ne suis pas long à amortir mon emplacement (très bon marché, il est vrai). Je n’écoulerai sûrement pas tout, mais l’effort que j’ai dû fournir pour arriver sur place est récompensé : c’était loin d’être le cas dans toutes les manifestations de ce genre auxquelles il m’a été donné de participer !

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequin11h : Profitant d’un moment de creux, je décide d’envoyer quelques SMS : j’enquille les messages les uns après les autres jusqu’à ce qu’un client me distraie de ce marathon communicationnel ; une fois l’article emporté et son prix encaissé, je reprends mon portable… Qui ne capte plus de réseau. Et pourtant, ça marchait il n’y a pas cinq minutes… Je ne m’énerve pas tout de suite : il y avait longtemps que ça n’était pas arrivé mais je sais quoi faire, il suffit d’éteindre et de rallumer la bécane. De fait, ça capte de nouveau… Et ça me signale par la même occasion que j’ai quatorze messages non-lus en attente ! Des messages qui datent de la mi-avril ! Oui, vous avez bien lu : cette camelote de téléphone a bloqué quatorze textos pendant plus d’un mois et a attendu que je l’éteigne puis le rallume pour me laisser les lire ! Il n’y a heureusement rien d’important, exceptée une collègue qui me demandait des précisions sur l’histoire d’un quartier de Brest… Pour ne rien arranger, je constate qu’au moins la moitié des messages que je viens d’essayer d’envoyer ne sont pas partis et n’ont même pas été enregistrés : je vais donc devoir les réécrire… Je suis légèrement affolé, d’autant que j’essaie de recoller les morceaux tout en servant les clients qui continuent à défiler ! Je devrais me réjouir de mon succès comme brocanteur improvisé, mais ce téléphone qui fonctionne en dépit du bon sens m’empêche de le savourer comme il le mérite : on ne dira jamais assez à quel point le contact humain apporte infiniment plus de satisfactions que la technologie ! Ce n’est décidément pas demain que la machine remplacera l’homme…

12h : Il est temps de déjeuner : je n’ai pas emmené de casse-croute car il avait été annoncé qu’il y aurait une petite restauration sur place, aussi me dirigé-je vers l’espace prévu à cet effet. Il s’agit d’un stand de crêpes que des jeunes tiennent pour financer leur voyage à Barcelone : évidemment, ils ne sont pas sur-expérimentés et comme je suis le premier à leur demander une crêpe salée, je suis malgré moi à la source d’une certaine fébrilité dans leurs rangs… L’un d’eux fait l’erreur de mettre la crêpe de blé noir sur le billig avant d’avoir réussi à ouvrir le paquet de fromage râpé : bien entendu, l’ouverture « facile » du paquet résiste farouchement et la crêpe a le temps de se consumer… Bon, ils finissent tout de même par ouvrir ce satané emballage et par me servir une complète consommable : ils s’excusent d’avoir pris du retard, mais comment pourrais-je leur en vouloir ?

15h : L’après-midi me semble plus long ; il y a toujours du passage, mais il y a déjà moins d’acheteurs. Rien d’étonnant : les chineurs professionnels partent en chasse plutôt le matin pour être sûrs d’avoir les meilleures prises et de laisser les croûtes aux badauds qui ne voient pas l’intérêt de se lever aux aurores un dimanche pour racheter de vieilles merdes que leurs propriétaires n’osent pas porter à la déchetterie… Il n’y a pas si longtemps encore, attendre désespérément le client lors d’un vide-grenier m’aurait rempli d’amertume : là, ce n’est pas le cas, j’éprouve juste une relative fatigue bien compréhensible à la suite de mon aventure matinale. J’ai même tout lieu d’être content : je me disais que si je réussissais à amortir mon emplacement, ce serait déjà une réussite ; j’ai fait un petit bénéfice, j’ai donc dépassé mes espérances, d’autant que ce que je cherche vraiment à gagner, ce n’est pas de l’argent, c’est  plutôt de la place ! De surcroît, je suis content d’avoir une occupation un dimanche et chaque minute que je passe en extérieur est une petite revanche sur le confinement…

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequin17h30 : Il est l’heure de partir. Il va falloir reprendre la route, certes en bus cette fois, mais toujours chargé et, qui plus est, sous la pluie qui s’est invitée en fin de journée. Pourtant, je suis heureux, je trouve même l’idée d’un quatrain :

Je suis tout juste rentré d’un vide-grenier Avec un contenant moins pesant qu’à l’aller Et il ne s’agit pas de mon porte-monnaie Je puis donc considérer que c’est un succès

Je ne sais pas ce que j’ai à être positif comme ça en ce moment… Vivement que ça me passe, c’est à deux doigts de m’inquiéter !

Lundi 23 mai

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinAppelez-moi Dieu !

 19h : Je n’avais pas grand’ chose d’urgent à faire aujourd’hui. Heureusement ! Avec le sommeil que j’avais à rattraper et les courbatures que j’ai ressenties au réveil, ce n’était pas le jour pour se lancer dans un chantier de grande dimension ! J’ai tout de même mis en branle quelques préparatifs pour cette semaine qui s’annonce bien remplie et j’ai aussi écrit un papier que j’avais promis d’envoyer à Côté Brest. A l’issue de la journée, un peu mélancolique, je tape « Guignols » sur un moteur de recherche et je tombe sur un article de L’Obs annonçant que l’un des anciens auteurs de l’émission satirique de Canal+ (l’un de ceux qui ont été virés par Bolloré, ça va sans dire) plancherait sur une relance… Du Bébête Show ! Bien sûr, ce serait mieux que rien dans la zone sinistrée qu’est devenue notre tradition satirique, mais quand on sait que les Guignols de l’info n’ont jamais raté une occasion de se moquer des bébêtes de Collaro et ont même précipité leur disparition, on se dit qu’on est tombés bien bas ! De surcroît, quand on sait qu’il a fallu 24 ans pour assister au retour de Spitting Image sur les écrans britanniques et qu’il aura donc fallu 27 ans au Bébête Show pour renaître de ses cendres, si j’établis une moyenne à partir de ces données, ça veut dire qu’il ne faut pas espérer de retour des Guignols avant environ 25 ans… Putain, 25 ans !

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequin19h10 : Le site de l’Obs me permet aussi de découvrir la couverture de l’édition papier du magazine, annonçant un dossier sur l’évolution du rapport au travail intitulé « La fin de l’ambition ». Difficile d’être plus clair : on arrive déjà au terme de l’évolution que percevait déjà Corinne Maier il y a dix-huit ans dans Bonjour paresse :

« L’entreprise, c’est fini. Il faut se rendre à l’évidence : elle n’est plus le lieu de la réussite. (…) Car l’entreprise n’avance plus guère de possibilités de se projeter dans l’avenir : les générations qui nous suivent devront posséder encore plus de diplômes pour occuper des postes encore moins valorisants, pour mener à bien des actions encore moins mobilisantes. (…) Selon un récent sondage IFOP, 17 % des cadres français sont « activement désengagés » de leur travail, ce qui signifie qu’ils y ont adopté une attitude si peu constructive qu’elle s’apparente à du sabotage… Seuls 3 % des cadres français se « défoncent dans leur boulot », selon l’expression consacrée, et se considèrent comme « activement engagés » dans leur travail. On en conviendra, c’est bien peu. » Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequin

Et oui ! Le temps des jeunes loups dynamiques qui se donnaient corps et âme à leur entreprise dans l’espoir (illusoire dans 99,9 % des cas) de monter dans l’organigramme, et d’ainsi pouvoir consommer à tort et à travers, est révolu. Les gens ont compris l’absurdité de ce jeu de dupes qui ne faisait qu’alimenter un système menant le monde à sa perte et renoncent à « perdre leur vie à la gagner » ; je peux attester que beaucoup de gens de ma génération, autour de moi, ne travaillent plus qu’à temps partiel, que c’est parfaitement volontaire de leur part et qu’ils tournent le dos aux attrape-couillons de la société de consommation, préférant libérer du temps pour des activités VRAIMENT importantes. Nous ne voulons pas ressembler à nos parents endettés à vie et rentrant chaque soir exténués par des tâches aussi absurdes qu’abêtissantes, nous voulons offrir à nos descendants un bonheur de vivre qui ne passe pas forcément par la possession du dernier joujou high-tech et, surtout, nous ne voulons pas que nos enfants puissent dire de nous un jour, comme Mafalda parlant de son père épuisé : « Tous les jours, on lui envoie un père et ce maudit bureau nous renvoie ça ! »

Mardi 24 mai

14h30 : Visite éclair de ma mère, fraîchement rentrée de Sarthe, qui m’apporte quelques commissions et, surtout, un courrier de l’assurance maladie qui m’est destiné mais qu’elle a réceptionné : apparemment, toutes les administrations ne sont pas au courant que je n’habite plus chez mes parents depuis trois ans… Je jette un coup d’œil rapide et j’en apprends une belle : en décembre, j’étais allé voir le médecin pour obtenir un certificat médical afin de renouveler ma RQTH… Et il se trouve qu’on m’a appliqué une « majoration », c’est-à-dire qu’on a réduit le remboursement auquel j’avais quand même droit pour cette visite ! Pourquoi ? Parce que je n’ai pas déclaré de médecin traitant : je suis si rarement malade que je n’y ai pas pensé… Donc, si je résume : il va falloir que je signale à ces messieurs de la sécu que j’ai déménagé il y a trois ans ET que je déclare comme médecin traitant le généraliste que je consulte moins d’une fois par an. Que de menaces en si peu de mots : il va falloir ENCORE rendre des comptes aux ronds-de-cuir… Tiens, je pense que je vais quand même avoir besoin de voir le toubib : pour soigner mon urticaire !

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinMercredi 25 mai

16h30 : Comme convenu avec l’organisatrice de l’événement, je suis arrivé avec une demi-heure d’avance pour préparer la conférence sur l’histoire de Brest que j’ai accepté de donner moyennant un petit cachet. Cette honorable dame est bien obligée de ne compter que sur elle-même pour la technique : face au projecteur et au matériel de sonorisation qu’elle manipule, je suis plus démuni qu’un serpent devant une paire de gants… Quelques spectateurs arrivent déjà, dont un sexagénaire qui se plaint d’être constamment essoufflé et pour qui le coupable est tout trouvé : c’est la faute à la vaccination ! Bien sûr, ça n’a rien à voir avec son embonpoint ni avec son âge déjà avancé… Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequin

17h : Je commence à parler devant une bonne vingtaine de personnes, assez âgées pour la plupart ; j’ai basé ma causerie sur un principe à la fois instructif et ludique : je passe en revue plusieurs affirmations relatives à l’histoire de Brest et, pour chacune d’elles, les spectateurs doivent lever l’un des deux cartons qui leur ont été distribués à l’entrée, le vert s’ils pensent que l’assertion est vraie, le rouge s’ils pensent qu’elle est fausse. Je pensais ainsi impliquer le public sans qu’ils se sentent obligés de m’interrompre, d’autant que j’avais bien précisé que je souhaitais qu’on garde les questions et remarques pour la fin : bien entendu, mon espoir est déçu, chaque lever de carton est accompagné de murmures de « c’est vrai » ou de « c’est faux », au cas où je ne serais pas assez intelligent pour reconnaître les couleurs de cartons que j’ai moi-même découpés… Je suis même obligé de rappeler à l’ordre une dame qui se lance déjà dans une diatribe alors que je suis encore en train de parler ! Les seniors sont encore plus indisciplinés que les jeunes : j’ai parfois eu des problèmes avec les étudiants, mais même s’ils bavardaient, ils n’essayaient jamais de parler plus fort que moi… Néanmoins, je suis quand même content de faire cette conférence qui bouscule bien des idées reçues : je suis à deux doigts d’éclater de rire à voir les têtes qu’ils tirent quand je leur annonce que les ambassadeurs de Siam n’ont jamais remonté l’actuelle rue du même nom à dos d’éléphant pour la bonne raison que cette rue n’existait pas encore et qu’on ne pouvait pas, à l’époque, faire naviguer sans risque des éléphants depuis l’Asie jusqu’à la France !   

18h15 : Fin de la conférence. Je suis sur mon petit nuage, l’assistance est ravie, j’ai mon chèque en poche et il est déjà question que je redonne cette causerie à la fac à l’automne ! De quoi relativiser l’indiscipline de l’assistance au point de l’oublier complètement…

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinJeudi 26 mai

9h : Premier jour de Foire aux croutes : cet événementiel, si emblématique de Brest en général et du quartier de Saint-Martin en particulier, est enfin de retour après deux ans d’absence. Grâce à mon vieux pote Jean-Yves qui habite à deux pas de la place Guérin et qui m’a laissé déposer le matériel lourd chez lui, je n’ai pas eu besoin de tout trimbaler depuis Lambézellec. L’installation se fait sans trop de difficultés et la bruine matinale semble se calmer, il reste à espérer que le public sera au rendez-vous et que je pourrai au moins amortir l’emplacement.

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinSterenn au Café de la Plage

12h30 : J’ai déjà fait plusieurs caricatures : si ça continue à ce train-là, je serai rapidement rentré dans mes frais. Tout en mangeant mes sandwiches, j’entends débuter le premier concert de la journée, celui de la jeune Sterenn que j’avais déjà vue à l’œuvre au Café de la Plage : même dans cette ambiance nettement moins intimiste, elle fait montre d’un talent de chanteuse et de guitariste hors du commun, d’autant qu’elle n’a pas sa langue dans sa poche, notamment pour dénoncer les stéréotypes de genre et clouer le bec aux machos ! Cet adorable petit démon me fait penser à Hipparchia la cynique, l’une des premières femmes philosophes de l’histoire : la ravissante épouse de Cratès avait, dit-on, un sens de la répartie hors du commun dès qu’il s’agissait de faire taire les phallocrates… Il en faut, des femmes comme ça ! Et par milliers !

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequin14h30 : Mon emplacement est déjà amorti, tout ce que je toucherai dorénavant ne sera que du bénéfice. En fait, mon stand a un succès fou, je n’aurais pas osé pas espérer ça en rêve ! Visiblement, la foire a tellement manqué aux Brestois qu’ils en profitent à fond ! Oui, je sais, je pourrais mettre ce succès sur le compte de mon talent, mais je ne suis pas assez content de moi pour ça… Premier constat : les couples qui demandent à être caricaturés ensemble sont assez nombreux, à tel point que je me demande si je ne devrais pas acheter un second tabouret pour ne pas être obligé de les faire s’asseoir l’un après l’autre.

15h : Premier incident de la foire : une femme qui m’avait demandé de la caricaturer avec sa fille se plaint de ne pas se reconnaître. Et pourtant, elle gigotait tellement qu’il est presque miraculeux que j’aie quand même pu en faire un dessin ! Elle refuse de payer et est même à deux doigts de me jeter mon papier à la figure ! Je comprends finalement qu’elle était déjà « pompette »… En plein milieu d’après-midi. En compagnie d’un enfant. Glorieux, n’est-ce pas ? Vais-je devoir faire passer un alcootest à tous les candidats à la caricature ? J’espère que non : ça se bouscule tellement pour se faire défigurer que j’y perdrais trop de temps et d’argent…

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinLe dessin qui a mis le feu aux poudres…

17h : Deuxième incident : alors que je viens tout juste de terminer de caricaturer un père et ses deux filles, trois terroristes armés jusqu’aux dents repèrent un dessin représentant Mahomet que j’avais courageusement décidé d’exposer et me tirent dessus à bout portant avec leurs kalachnikovs. Bien entendu, je succombe à mes blessures et c’est donc du paradis que je vous écris ces mots tout en assistant à l’immense manifestation qui a lieu aujourd’hui à Brest où une foule innombrable crie son attachement à la liberté d’expression en brandissant des crayons et en scandant le slogan « Je suis Blequin »… Bon, j’arrête : bien entendu, j’exagère. En fait, il ne s’agissait que deux ou trois crétins qui, voyant un dessin qui ne représentait même pas Mahomet mais faisait tout de même allusion à « l’affaire », me disent « C’est pas bien, ça c’est pas bien » puis entreprennent de décrocher l’œuvre incriminée que je leur reprends des mains avant de leur hurler de partir, ce qu’ils font après avoir craché sur mon épaule… Un jeune témoin, sans un mot essuie leurs glaviots avec son mouchoir, en ayant l’air de me demander pardon. Seule conséquence vraiment regrettable : un autre père de famille, qui voulait se faire caricaturer avec sa fille, est obligée de renoncer, la petite ayant été effrayée, vraisemblablement par les cris que j’ai poussés… Je ne raccroche pas le dessin : je le pose par terre afin qu’il ne soit vu que des curieux, non sans une légère appréhension. Au final, même si l’incident n’a pas été sanglant, il me rappelle quand même de bien mauvais souvenirs…

19h : Fin de la première journée de foire. J’ai déjà triplé ma mise : si ça continue, cette semaine pourrait bien être la plus rentable que j’aie vécue depuis longtemps ! Mine de rien, ça suffit amplement à relativiser les petites misères que peuvent vous faire certains imbéciles finis…

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinVendredi 27 mai

8h30 : Je passe récupérer mon matériel chez Jean-Yves ; bien entendu, je lui avais raconté ma mésaventure avec les intégristes de banlieue. Aujourd’hui, il m’explique qu’ils sont effectivement une petite bande à traîner dans le quartier, à partager leur temps entre la mosquée et le bar-tabac et à faire le morale à tout ce qui n’est pas « coraniquement correct » à leurs yeux chassieux… L’épouse de mon ami souligne, à juste titre, qu’il n’y a rien d’offensant pour l’Islam et les musulmans dans mon dessin ; de fait, je ne visais clairement que l’attitude des intégristes, alors de deux choses l’une : ou bien ces Kouachi de Prisunic ont compris que c’étaient eux (et seulement eux) que je visais, ou bien la seule vue du mot « prophète » les a fait monter sur leurs grands chevaux – je penche plutôt pour la seconde option car je ne les crois pas assez intelligents pour savoir lire un dessin. Quoi qu’il en soit, Jean-Yves me déconseille fortement de continuer à exposer ce dessin : je suis sa recommandation pour ne pas gâcher ce qui doit rester un événement festif et convivial, mais je ne tiens pas non plus à donner raison aux ennemis de la liberté, alors je décide d’offrir le dessin à mon pote histoire de le remercier de l’aide qu’il m’apporte. De toute façon, ce sont les caricatures que je fais sur place qui se vendent le mieux, alors un cadre à accrocher en moins, à la limite, ça m’arrange plutôt qu’autre chose ! Merci, les gros cons, de m’avoir donné un prétexte pour alléger mon chargement !

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinMa voisine avec son compagnon et leur caricature.

10h : La météo avait annoncé des averses matinales suivies d’éclaircies dans l’après-midi. Pour le moment, une fois n’est pas coutume, elle ne s’est pas trompée, ce qui veut dire que l’exposition reprend sous la pluie. Etant abrité par les frondaisons sous lesquelles mon emplacement est situé, je ne suis pas trop gêné, mais je ne peux pas en dire autant de la peintre du trottoir d’en face qui est obligée de bâcher, puis de débâcher, puis de rebâcher encore ses tableaux pour faire face à ces intempéries intermittentes… Cela dit, si j’ai une voisine qui rebâche, j’en ai deux autres qui rabâchent : une à ma droite qui a un auvent et qui me répète au moins trois fois que je peux y mettre mes affaires à l’abri si besoin est, et, plus désagréable, une à ma gauche qui n’arrête pas de pérorer sur le temps, à tel point que j’en perds patience et lui dis que j’ai hâte d’avoir des clients pour entendre parler d’autre chose !

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequin12h : Voilà déjà une bonne demi-heure qu’il ne pleut plus, le public revient. Mon premier client est un jeune homme à crête iroquoise et bariolée qui en profite pour m’interroger dans le cadre d’un film qu’il co-réalise sur la foire et ses exposants. Ce n’est pas spécialement un professionnel de l’interview, mais ça tombe bien, je ne suis pas non plus un professionnel de la réponse… Peu importe, les passages les plus flottants seront sûrement coupés au montage et puis la démarche, qui vise à faire connaître les artistes et à donner un aperçu de l’ambiance de la foire, reste sympathique. Quand j’ai terminé, je m’enquiert, comme il est d’usage, de son prénom : il me répond « Valérian ». Je lui demande « Comme la BD ? » Cette question le ravit car, d’habitude, me dit-il, on lui demande plutôt « Comme le film ? » Le film de Luc Besson est donc mieux connu aujourd’hui que la bande dessinée de Mézières et Christin dont il s’inspire… On est tombé bien bas ! Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequin

13h30 : Finissant la caricature d’une cliente d’âge mûr, j’entends celle-ci me demander si je suis autiste : je réponds par l’affirmative, ce qui ne l’étonne pas car elle travaille avec des jeunes avec troubles du spectre autistique et m’a trouvé des conduites semblables aux leurs… Une amie très chère m’avait recommandé de ne pas crier mon autisme sur les toits, mais c’est impossible à cacher ! De toute façon, pourquoi le cacher puisque ça ne pose pas de problèmes ? Cela dit, cette dame si gentille avec les autistes semble l’être moins avec les mécréants : quand elle voit la couverture de mon album avec un curé visiblement menaçant et quand je lui dis franchement que je ne crois pas à la vie après la mort, elle ne peut pas s’empêcher de tiquer… Conclusion : mon autisme me pose de moins en moins de problèmes, mais les religions, elles, m’en posent de plus en plus ! Et pas qu’à moi, il me semble…

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinL’Irlandaise

14h : Le succès ne se dément pas : on a beau être vendredi, jour où toutes les entreprises ne font pas forcément le pont, j’ai à peine moins de clients qu’hier. Il me semble que les jolies femmes, sans distinction d’âge, sont plus nombreuses que les années précédentes à vouloir se faire défigurer par mon crayon, donnant raison à Cabu qui assurait que « les femmes acceptent mieux d’être caricaturées » et qu’on peut « y aller carrément sans être accusé d’être un affreux phallocrate ». Il est vrai que plus personne, aujourd’hui, n’oserait s’approcher du niveau d’abjection atteint par le Bébête Show dans sa représentation épouvantablement machiste d’Edith Cresson… En tout cas, c’est la première fois que je caricature une irlandaise, que j’imagine très heureuse d’avoir enfin une occasion de discuter avec un français qui parlent correctement l’anglais ! Je reçois aussi un vieux fidèle qui me demande une caricature à chaque édition de la foire (après tout, il fait ce qu’il veut de son argent), la peintre installée à ma droite avec son compagnon et, cerise sur le gâteau, une petite fille belle comme un ange, à mi-chemin entre Natalie Portman et Cara Delevingne – l’air prétentieux de cette dernière en moins. Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequin

15h : Au cours de ces trois jours, j’aurai aussi revu plusieurs connaissances plus ou moins perdues de vue ; ainsi, je reçois la visite de mon prof d’histoire-géo de terminale. Celui-ci évite cependant de me serrer la main et de trop s’approcher pour une raison simple : il a le covid… Cela étant, ça ne l’empêche ni de sortir ni de faire du vélo (il est venu à bicyclette jusqu’ici) alors qu’il n’est plus très loin de la soixantaine ! Plus ça va et plus j’ai la conviction qu’on s’est bien fichus de nous, avec cette épidémie ! En fait, cette crise « sanitaire » n’était qu’une crise sociale : nous avons payé les pots cassés de toutes les années de restrictions budgétaires dont l’hôpital public a pâti et contre lesquelles les soignants n’ont cessé de nous mettre en garde, ne s’attirant que le mépris des braves gens qui crachaient sur ces « salauds de fainéants de fonctionnaires » qui prenaient « les usagers en otages »… Comment ça, je radote ?

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinQuatre ou cinq, pas plus !

18h : A une heure de la fermeture, je reçois la visite d’un auteur-compositeur-interprète de mes connaissances qui me demande, entre autres, si je pourrais faire une caricature collective représentant sa chorale. Le problème, c’est qu’ils sont… Seize ! Une telle commande nécessiterait plus d’une heure de boulot et un papier de format A3, autant dire que ce n’est pas compatible avec le contexte de la foire. Il y a des limites, tout de même ! De toute façon, je n’ai déjà plus besoin d’honorer une telle demande pour amortir mon emplacement…

19h30 : A l’apéro que l’association Plage Guérin offre aux exposants, je retrouve ma copine Sterenn, devenue co-présidente de l’asso : du sang neuf pour assurer l’avenir de la foire… Sont également présents plusieurs artistes que je connais par ailleurs mais qui exposent sous chapiteau et auxquels je n’ai pas le temps de rendre visite, devant faire face au succès de mon stand : dans le tas, une femme ibérique accompagnée de sa fille de dix-huit ans, fraîchement reçue aux Beaux-arts et qui est, elle aussi, ‘ »aspie ». Evidemment, nous avons des choses à nous dire : cette brave petite a connu à peu près les mêmes problèmes que moi. Nous tombons d’accord sur le fait que le syndrome d’Asperger n’est un handicap que si l’entourage de la personne avec autisme n’est pas disposée à accepter son mode de fonctionnement. En clair, ce ne sont pas les « aspies » qui sont handicapés mais bien la société toute entière qui souffre d’un handicap bien plus grave : la normativité.

20h30 : Ne me sentant pas l’énergie de faire la cuisine quand je serai rentré, je décide de dîner au Biorek brestois : coup de chance, il y a encore une place ! Oui, je parle d’un coup de chance car je n’avais plus vu le restaurant plein à ce point-là depuis le soir de l’inauguration : on ne dira jamais assez à quel point des événements comme la foire aux croutes sont bénéfiques pour le commerce local. Et oui, laisser les gens s’amuser autrement qu’en pianotant sur un smartphone, c’est aussi bénéfique pour l’économie ! Désolé si les pisse-froids encravatés qui gesticulent dans les grandes tours de verre ne s’en rendent pas compte…

Samedi 28 mai

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinLe motif en question…

10h30 : Troisième et dernier jour de foire. Je ne suis pas long à trouver des amateurs pour les caricatures, j’ai même l’heureuse surprise de placer un totebag dont le motif, volontairement assez « provocant » m’a valu d’entendre dire qu’il était invendable… Précision importante : c’est une jeune fille qui l’a acheté et elle n’était même pas grosse, on ne peut donc pas la soupçonner de prêcher pour sa chapelle ni même de se laisser aller à la plaisanterie machiste. Les voies du commerce sont insondables… Cette matinée se déroule au son des fanfares dont, j’avoue, je me lasse assez vite, même si je me réjouis qu’elles ne jouent pas juste à côté de moi, ce qui me rendrait proprement inaudibles les propos de mes clients.

12h30 : Histoire d’accompagner mes sandwiches, je décide de m’acheter une barquette de frites à l’espace restauration de la foire ; je fends la foule qui s’est amassée sur la place pour assister au concert de Moby’s Dick, ce qui n’est pas très facile. J’ai beau me réjouir que de tels rassemblements soient à nouveau possibles, j’avoue que ce n’est pas ce qui m’a le plus manqué… Muni de ma barquette, je ne fais pas l’erreur de revenir sur mes pas et je fais le tour de la place pour regagner mon stand : ce n’est pas beaucoup plus facile, les fanfares et le soleil ont attiré énormément de monde et je dois slalomer entre les badauds pour me frayer un chemin sans bousculer personne ni prendre le risque de renverser mon précieux bien… Je comprends mieux mon succès : il n’est qu’un épiphénomène de celui de la foire en général !

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinUne cliente particulièrement ravissante

15h : Deux heures de travail ininterrompu ! Je crois bien n’avoir jamais vu ça : j’avais à peine le temps de souffler après une caricature qu’un ou plusieurs clients venaient déjà me solliciter de plus belle ! Bien sûr, je ne m’en plains pas, mais je commence à fatiguer et, surtout, ça fait au moins une heure que j’ai une terrible envie d’uriner ! Il s’est d’ailleurs trouvé un moment où j’avais l’impression que mon dessin s’en ressentait, alors que je finissais de caricaturer cinq clients qui souhaitaient figurer sur la même feuille ! Imaginez donc mon soulagement quand je peux enfin me lever pour aller aux toilettes… Si mon box-office personnel continue à augmenter comme ça, il faudra que je boive moins !

19h : Fin de l’exposition, je remballe. Tant pis pour celles et ceux qui auraient voulu se faire caricaturer mais ont laissé passer l’heure. Je suis ravi mais épuisé, j’ai gagné assez d’argent comme ça, je n’ai aucune raison de faire du zèle ou des heures supplémentaires, inutile de prendre le risque de contrarier les bénévoles qui font un excellent travail ni d’affronter les soiffards qui, à la tombée du soir, viennent pour se saouler plus qu’autre chose. De surcroît, mes deux dernières clientes étaient deux jolies femmes, alors autant finir sur un bon souvenir. Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequin

19h30 : Après avoir déposé le matériel dont je n’aurai pas immédiatement besoin chez Jean-Yves, avec la promesse de venir le récupérer la semaine prochaine, je me rends à l’arrêt de bus le plus proche pour rentrer à Lambézellec : une fois arrivé, j’ai la surprise d’être interpellé de façon chaleureuse mais vive par le groupe de jeunes qui attend déjà l’arrivée du véhicule. Etant décidément peu physionomiste, il me faut bien une demi-minute pour comprendre que je fais face à la petite troupe dont faisaient partie mes deux dernières clientes : mon état de stupeur est tel que l’un des jeunes garçons ne peut s’empêcher de juger que je fais peur ! Voilà typiquement une situation typique pour un autiste Asperger : tant que je suis dans un contexte familier où je peux laisser libre cours à ma passion, tout va bien, mais dès qu’on me tire de ce cadre pour me plonger dans une situation inhabituelle, je suis comme un poisson hors de l’eau ! Pour briser la glace, je leur distribue quelques-uns des dernières cartes de visite qui me restent – mon stock a bien entendu pris une claque, de même que mes carnets ! Ainsi, si mon travail leur a plu, ils me recontacteront peut-être pour une animation quelconque : d’autiste, je redeviens artiste, je remplace le « u » d’étonnement par un « r » conquérant ; un autiste qui n’a pas honte de sa passion pourra toujours compter sur cette ressource pour se tirer des situations les plus délicates.

19h40 : Dans le bus, il n’y a aucune place assise disponible : me voilà contraint de rester debout malgré ma fatigue et le poids de mon chargement. Comme si ça ne suffisait pas, une troupe d’enfants fait un boucan du diable qui parvient à passer la barrière de mes boules Quiès et a finalement raison de ma patience : je craque et je crie « Quelqu’un peut faire taire ces mômes ? » Ma demande n’est évidemment suivie d’aucun effet concret, si ce n’est celui de me faire envoyer paître sur l’air de « Tu vas te calmer » ! Il me semble replonger vingt ans en arrière, quand je protestais contre les bavardages dans la classe et m’entendais répondre « c’est toi qui fais le plus de bruit » ! J’ai malheureusement l’habitude d’avoir des crises de ce genre quand les stimulation sonores sont trop fortes, mais quand j’y pense vraiment, c’est moins mon autisme qui est en cause que l’évolution du statut de l’enfant… J’ai souvent dit que j’estimais qu’au vu de la santé du monde dirigé par des adultes auxquels on a appris très tôt à se taire à table, ça valait peut-être le coup de laisser les jeunes s’exprimer : mais malgré cette conviction, je ne parviens pas à digérer qu’on laisse les enfants faire autant de bruit dans les transports en commun ! Une contradiction ? Je ne pense pas : s’exprimer et casser les oreilles d’autrui, ce n’est pas tout à fait la même chose, non ? Je sais que notre génération ne veut pas reproduire les schémas qui ont empoisonné nos rapports avec nos parents, mais entre la permissivité totale et l’autorité despotique, il y a peut-être une demi-mesure, il me semble… Elle est dure à trouver ? Je n’ai pas dit le contraire : c’est bien pour ça qu’il faut y réfléchir à deux fois avant de se reproduire comme des lapins.

20h : Enfin rentré, l’un de mes premiers gestes est de me doucher. J’avoue que je ne m’étais plus lavé les cheveux depuis jeudi et que je commençais le sentir ! Il faut dire qu’on m’avait mis au poignet un bracelet, semblable à celui que reçoit le public d’un festival, afin que je puisse passer sous les chapiteaux sans qu’on me réclame de droit d’entrée : j’ai donc évité de prendre une douche non seulement pour éviter de l’abîmer mais aussi parce qu’on me l’avait mal mis et que je ne pouvais pas le retirer sans que ça tire sur mes poils de bras ! J’ai essayé et j’ai failli hurler de douleur : je compatis sincèrement avec les filles qui s’épilent à la cire… Bref, je pensais qu’après la première douche, ce bracelet ne serait plus qu’une charpie qui partirait d’elle-même. Grave erreur ! Le matériel pour festivalier a fait des progrès, et une fois mes ablutions terminées, il avait à peine souffert de l’humidité. Pour couronner le tout, la colle en contact avec ma peau velue s’était certes dissoute, mais celle qui maintenait l’objet enroulé avait vaillamment résisté, et il a quand même fallu que je dégaine les ciseaux pour enfin l’enlever. En gros, j’ai laissé le sébum s’accumuler sur mon chef pour rien… Vous pouvez ricaner !

21h : Le temps de ranger les affaires que j’ai pu ramener et de faire la vaisselle qui s’est accumulée en trois jours, je peux enfin arroser dignement mon petit succès. Tout en sirotant un verre, je fais mes comptes pour savoir précisément ce que j’ai gagné cette semaine et je retravaille les photos que j’ai prises entre deux dessins – essentiellement des clients avec leurs caricatures, histoire d’avoir une trace partielle de ce qui a été réalisé au cours de la foire. Mais bien sûr, la technologie se révèle une nouvelle fois moins fiable que les humains : Excel se met en tête d’arrondir à tout prix les nombres que je rentre et le logiciel « Photos », décidément foireux, plante une fois sur deux… J’étais sur mon petit nuage, je me sentais le roi du monde, heureusement qu’il y a la technique pour me faire redescendre sur terre et me rappeler que je suis une merde !

Le journal du professeur Blequin (201) #jesuisBlequinDimanche 29 mai

17h : Pour conclure en beauté cette semaine bien remplie, j’ai invité un couple d’amis et leurs enfants à venir prendre le café chez moi. Après avoir conversé de choses et d’autres, madame propose que nous allions faire une petite promenade, histoire notamment de faire prendre l’air au petit dernier qui en a besoin : j’approuve cette bonne idée et je suggère que nous allions au bois de la Brasserie, proposition rapidement acceptée et appréciée. Seule ombre au tableau : nous faisons l’erreur d’emprunter une voie que même moi, le riverain, ne connais pas et nous nous retrouvons dans une zone pavillonnaire où nous n’avons aucun repère et où le GPS de mon amie ne nous est pas d’un grand secours… Quand la dure silhouette des cheminées de la déchetterie du Spernot, que je n’ai pas l’habitude de voir de si près, se détache sur l’horizon, nous sommes bien obligés de convenir que nous avons pris une mauvaise direction et que le plus sage est de faire demi-tour ! Nous finissons par retrouver un chemin familier, mais je conclus de cette aventure, qui a bien failli me remplir d’angoisse, qu’il ne faut décidément pas se fier aux machines pour se repérer ! Heureusement que j’étais en compagnie d’une femme forte dont la présence est sécurisante : tout seul, j’aurais probablement pété un câble…


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