Si on décide par exemple de dénombrer les matrices carrées de taille n comportant exactement deux '1' dans chaque ligne et dans chaque colonne ( avec partout ailleurs des zéros), c'est pour moi un problème neuf. Je n'y ai jamais réfléchi et peut-être même que personne avant moi n'y a réfléchi. Pourtant, on sent qu'il y a des relations à découvrir, on sent qu'il existe des liens originels. Je n'ai pas d'inquiétude: il existe forcément des choses à voir, à remarquer, à prouver.
Les relations, les propriétés, les théorèmes concernant ce problème sont là depuis toute éternité comme la momie d'un pharaon dans une tombe restée inviolée: ils nous attendent, ils ne demandent qu'à être cueillis, ils ont été installés pour ainsi dire à l'aplomb de ce sujet avant même la venue sur terre du premier homme.
Tout est là depuis toujours, des choses nous attendent dans l'ombre, il suffit de les découvrir.
Les mathématiques ne sont pas un grand livre à faire : toutes les pages ont été écrites depuis longtemps, simplement elles reposent comme un trésor caché à notre vue, il s'agit juste d'y mettre la main dessus.
Partout des trésors de cohérence - au dessus de n'importe quel problème aussi petit soit-il - il suffit de se pencher, de réfléchir et, après avoir vu dans le noir, de ramasser.
Le mathématicien ne crée rien, il met à jour, il ramasse. Comme un égyptologue dans la Vallée des Rois. Comme un cueilleur de champignons aux yeux écarquillés.
Il ramasse la cohérence qui demeurait plantée de toute éternité au fond des idées.
Pour l'absolu qu'il emmène avec lui, j'aime bien le côté platonicien des mathématiques, mais il m'ennuie aussi.
Cela m'a toujours un peu déstabilisé de penser que le mathématicien n'était pas un créateur, qu'il ne fabriquait rien, qu'il ne faisait qu'explorer, qu'il cueillait juste des trucs qui étaient sous son nez et qu'il s'agissait simplement de voir. Que son seul talent était de les faire sauter aux yeux, ces trucs. Vous en pensez quoi ? '
En ce moment, à la Grande Halle de la Villette, se tient la magnifique exposition 'Toutankhamon, le trésor du Pharaon'. Si vous en avez la possibilité , je vous recommande de vous rendre à la Grande Halle de la Villette .
La découverte légendaire du tombeau de Toutânkhamon a lieu l e 4 novembre 1922 - soit deux semaines jour pour jour avant la mort, à Paris, de Marcel Proust.
Présentée par le Ministère des Antiquités égyptiennes à la Grande Halle de la Villette, cette exposition immersive dévoilera plus de 150 objets originaux issus du tombeau. Plus de 50 pièces de cette collection voyageront pour la première et la dernière fois hors d'Égypte.' L'approche finale vers le sommet de l'Everest égyptologique constitué par la découverte du tombeau de Toutankhamon commence en 1915, lorsque Howard Carter et Lord Carnarvon, son riche mécène britannique, prennent possession de la concession de Théodore Davis dans la Vallée des Rois.
Ce dernier a décidé de jeter l'éponge après treize années de fouilles; il estime en effet que la Vallée des Rois n'est plus qu'une coquille vide ayant livré tous ses secrets: ce qui devait être découvert l'a été.
En 1915, on sait peu de choses de Toutânkhamon: fils s' Akhenaton et de la reine Nerfertiti, il accède au pouvoir à l'âge de 8 ans pour régner une dizaine d'années, probablement sous la tutelle des prêtres d'Amon, avant de mourir précocement vers l'âge de 18 ans, en -1318; son nom ne figure pas sur les Tables d'Abydos qui contiennent pourtant la liste des pharaons de la XVIIième dynastie; victime de la part de ses successeurs d'un ' damnatio memoriae', le cartouche de son nom a été presque systématiquement martelé sur les monuments, de manière peut-être à faire disparaître les dernières traces de l'épisode amarnien.
Reste cependant le mystère de sa tombe jamais mise au jour.
En 1905, Théodore Davis met au jour une coupe de faïence sur laquelle est inscrit le nom de l'obscur souverain de la XVIIIe dynastie . Deux ans plus tard, des vases de terre cuite et des fragments de feuille d'or sont retrouvés dans une tombe pillée: ils portent eux aussi le fameux cartouche de l'enfant-roi. Pour Davis, l'affaire est entendue, le tombeau de Toutankhamon a été vidé, il n'y a plus rien à espérer.
Howard Carter n'est pas de cet avis: il est persuadé que les trouvailles de Davis font partie du matériel d'embaumement et des objets rituels utilisés lors des funérailles de Toutânkhamon. Rien qui ait quoi que ce soit à voir avec la tombe. Qui reste donc à découvrir.
Carter est désormais obsédé par Toutânkhammon. Il écrit dans son Journal: "La nuit, je rêvais du pharaon disparu". A partir de 1915, tous ses efforts sont tournés vers un seul but: retrouver sa tombe et ses trésors.
Cependant en 1922, après cinq saisons de fouilles infructueuses, Lord Carnarvon lassé de ses investissements à fonds perdus est sur le point de mettre un terme à leurs recherches communes . Si la ténacité de Carter parvient encore à lui arracher, au bout d'âpres négociations, la rallonge lui permettant de mener une ultime campagne de fouilles. il sait que c'est sa dernière chance.
C'est à la fin du mois d'octobre 1922 que Carter lance ses recherches dans une zone méconnue de la vallée des Rois où se trouvent concentrées les vestiges des cabanes des ouvriers qui creusèrent la tombe de Ramsès VI.
Le 4 novembre 1922, au matin, Hussein Abd el-Rassoul , un jeune porteur d'eau de l'équipe de fouilles, en creusant le sable pour caler ses cruches, met à jour la première marche d'un escalier qui descend dans le sol de la vallée. Rapidement douze autres marches creusées dans la pierre sont dégagées, elles conduisent à une porte frappée du sceau des nécropoles royales...
[Sur ce dernier cliché, Hussein Abd el-Rassoul est paré du du "Pectoral de la naissance du soleil" ou "Pectoral aux scarabées" provenant de la tombe de Toutânkhamon.]
Après il ne reste plus qu'à attendre Lord Carnarvon accouru d'Angleterre pour abattre la dernière cloison! Alors c'est tout de suite un déluge des trésor! Ecoutons Howard Carter:
" Les mains tremblantes, je pratiquai une petite ouverture dans le coin supérieur gauche [...]. Puis je plaçai une bougie devant l'ouverture, pour m'assurer qu'il n'y avait pas d'émanations dangereuses, élargis le trou et regardai. [...] À mesure que mes yeux s'accoutumaient à l'obscurité, des formes se dessinèrent lentement : d'étranges animaux, des statues, et, partout le scintillement de l'or. Pendant quelques secondes - qui durent sembler une éternité à mes compagnons - je restai muet de stupeur. Et, lorsque lord Carnarvon demanda enfin : "Vous voyez quelque chose ?", je ne pus que répondre : "Oui, des merveilles !". "
Pas moins de dix années furent nécessaires pour terminer le fabuleux inventaire des 3850 objets que renfermait le tombeau de Toutânkhamon.
Petite parenthèse qu'on va qualifier de 'conclusive': au fait, vous avez remarqué que dans l'intitulé de l'exposition elle est, elle, qualifiée d' 'immersive'. Mais c'est quoi au juste une exposition immersive?... On n'arrête ni le progrès, ni la cuistrerie. Ni surtout la connerie.
Il faut que je vous parle de Doctus Monkey.
Doctus Monkey est le nom que je me suis trouvé.
Ce nom me libère car, d'un subreptice mouvement, il me permet de faire un pas de côté par rapport à ma propre vie.
Doctus Monkey a plusieurs identités qu'il endosse tour à tour.
D'abord Doctus Monkey est le Singe Savant, celui du paradoxe d'Emile Borel.
Il se tient parfaitement immobile devant sa machine à écrire, car il a été bien dressé.
Et toutes les secondes, il tape au hasard sur une touche du clavier.
Or, fait troublant, grâce à un peu de calcul des probabilités, on démontre facilement qu'il est absolument certain que viendra un moment où, tout à coup, le Singe Savant se mettra à taper sans erreur, et de bout en bout, le texte exact du Hamlet de Shakespeare.
De plus, si on connaît le théorème de Borel-Cantelli, on peut même établir que le Singe Savant tapera 'Hamlet' de Shakespeare une infinité de fois.
Do...
Je suis Doctus Monkey et aujourd'hui 17 avril 2019 je prends mon envol, c'est à dire que je commence à écrire ce que j'ai à écrire.
Je commence dans la simple et grande ambition de dire ma façon de voir le monde, dans ses détails et dans sa globalité.
Je suis Doctus Monkey et je n'ai pas d'autre nom que celui que je me suis choisi.
Ce nom m'installe dans un endroit de l'espace depuis lequel j'ai l'impression grisante de tout regarder de haut.
Dans ce journal, il y aura tout ce que j'aime:
De la littérature, celle que je lis mais aussi celle que je fais.
Des mathématiques.
De l'informatique et de l'intelligence artificielle.
Du tennis.
Du cinéma.
Et puis, de nombreuses notes qui, je l'espère, n'entreront dans aucune catégorie.
Voilà le programme, et c'est parti dans le courant du fil des jours.
Puisqu'il n'y a pas à tergiverser - selon le commandement de Saint Jean auquel Marcel Proust se réfère si souvent:
'Trava...
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble