Magazine Journal intime

Mondialisation et Coronavirus.

Publié le 02 mars 2020 par Dcmky

La pandémie de coronavirus me pousse à m'interroger sur la nature ontologique de cette fameuse mondialisation.

A mes yeux, la mondialisation, c'est une sorte de mécanique des fluides généralisée, une mécanique des fluides dont on aurait libéré les chevaux. Pour parler prosaïquement, disons qu'on a ouvert toutes les vannes et qu'on fait en sorte qu'elles le soient le plus largement possible - l'OMC veille au grain. Pour instiller un maximum d'huile dans les rouages de la machine...

Partout le maximum de tuyaux, de passerelles, de canaux... Ainsi partout ça bouge, partout ça coule, partout ça va d'un point à un autre, dans tous les sens, et il n'y a pas de limite... Plus de frontière, plus de barrière...

Aujourd'hui, il ne s'agit pas pour moi de parler d'écologie et je vous renvoie à mon article précédent sur le global warming pour la façon ( désastreuse à mes yeux) dont la mondialisation affecte la santé de notre planète.

Oublions donc pour un temps les impacts écologiques et réfléchissons simplement du point de vue des hommes.

Comment nous a-t-on vendu la mondialisation?

Examinons d'abord le contexte historique.

On nous a vendu la mondialisation à partir des années soixante-dix dans un monde devenu à la fois post-colonial et post-idéologique.

Car la deuxième moitié du XXième siècle a sonné partout aux quatre coins du monde le glas du modèle colonial: sa nature oppressive n'était simplement plus tolérée par les populations locales. Partout des émeutes, des révoltes, des révolutions, des guerres, jusqu'au point de non-retour,jusqu'à l'auto-détermination, l'indépendance, la fuite des colonisateurs...

A y bien réfléchir pourtant, le modèle colonial faisait un premier pas vers la mondialisation: la colonisation a indéniablement favorisé les échanges, des échanges essentiellement dissymétriques ( puisqu'ils consistaient à pomper d'une manière éhontée les richesses du pays colonisé au profit de la puissance colonisatrice), des échanges qui se faisaient presqu'uniquement dans un sens, mais des échanges quand même.

Bref, il a fallu, de gré ou de force renoncer à ce modèle.

Parallèlement à cela, durant les années 60-70-80, le bloc communiste a vu ses forces lentement décliner jusqu'à l'effondrement total du début des années 90 . A ce moment, l'idéologie capitaliste et libérale (incarnée dans le modèle américain) qui, depuis 1917, se heurtait frontalement à l'idéologie communiste, s'est retrouvée seule sur le ring. Sans plus d'opposition.

Non seulement le monde n'était plus colonial, mais il n'était plus partagé en deux sphères d'influence.

Il n'y avait plus d'alternative au libre-échange, à l'économie de marché, au capitalisme effréné.

Qu'il allait falloir vendre à la terre entière. Oui à la terre entière.

Alors, on la lui a vendue sous la forme de la mondialisation - trouvaille géniale.

La mondialisation qui allait permettre de voyager partout, de multiplier les contacts entre les cultures, de développer la richesse de tous les pays - dans un grand et merveilleux mouvement acendant très 'gagnant-gagnant'... Partout l'échange et le partage et partout les PIB allaient monter en flèche, partout le niveau de vie allait augmenter...

Le discours est très bien huilé, moralisateur et inattaquable:

- prendre l'avion, voyager c'est bien, ça ouvre l'esprit, ça permet de se confronter à d'autres cultures

- comment? vous voulez limiter les échanges? Mais vous ne voulez donc pas que les petits chinois parviennent au même niveau de vie que vous?....

-les hommes de l'autre bout du monde ont quelque chose à nous apporter, et nous aussi... c'est merveilleux...

Voilà le tableau idyllique de la mondialisation.

Une mondialisation parfaitement symétrique.

Sauf que les choses évidemment ne se sont pas passées ainsi.

La mondialisation a conduit à délocaliser les productions les plus polluantes, les plus pénibles vers les pays les plus pauvres où, en servant des salaires de misère, les grandes multinationales mondiales ( cad dans 99% des cas des entreprises basées dans les pays les plus riches, souvent d'anciennes puissances coloniales) ont réussi à abaisser leurs coûts de production pour engranger des profits toujours croissants.

Et puis bientôt évidemment ce n'est pas seulement le sale travail qui est parti - par les tuyaux de la mondialisation - vers les pays pauvres, mais ce sont nos poubelles, nos déchets, nos sols contaminés par cargos entiers...

Et puis bien sûr le pillage a continué de plus bel.

Oui, les tuyaux de la mondialisation sont bien en place, parfaitement fonctionnels, sauf que les mouvements à l'intérieur ne se font pas dans les deux sens ( les déchets par exemple, c'est curieux mais ils ne viennent jamais des pays pauvres jusqu'en France)

Bref on parle de libre-échange... sauf que l'asymétrie n'a pas disparu loin s'en faut... elle est toujours aussi présente - peut-être un peu moins, mais à peine - qu'au temps de la colonisation.

Parce que c'est toujours le même homme qui est aux manettes.

Celui que j'appelle d'un nom générique, et en un seul mot, 'L'homme est un loup pour l'homme'.

'L'homme est un loup pour l'homme'. Celui qui a , à regret, renoncer à l'esclavage - c'était quand même bien pratique - pour se tourner - il le fallait bien - vers des méthodes plus propres sur elles - il appelle cela le management.

'L'homme est un loup pour l'homme'. Celui qui a , à regret, renoncer à la colonisation - c'était quand même bien pratique de pouvoir pomper le sol plein de minerais de continents entiers quitte à faire semblant de vouloir les civiliser. Et ne vous inquiétez pas pour lui, il va s'adapter et imaginer un système du même genre.

'L'homme est un loup pour l'homme'. Celui qui porte dans ses gènes le désir de tirer la couverture à lui, de prendre la plus grosse part du gâteau. Le désir d'exploiter.

'L'homme est un loup pour l'homme'. Celui qui intrinsèquement ment à son client et cherche à l'entuber puisqu'il aspire à lui vendre trois euros ce qui lui a coûté deux euros - et s'il trouvait moyen, ni vu ni connu, de le lui faire payer quatre ce serait encore mieux.

'L'homme est un loup pour l'homme'. Celui qui intrinsèquement ment à son employé et cherche à l'entuber puisque s'il lui donne un euro en salaire c'est qu' il sait très bien que son travail a toutes les chances de lui en rapporter deux- et s'il peut le payer cinquante centimes c'est encore mieux.

'L'homme est un loup pour l'homme'. Celui qui trouvera toujours moyen de continuer la course à l'enrichissement et à l'exploitation.

L'asymétrie est simplement intrinsèque au système capitaliste.

Contrairement à tout ce qu'on veut nous faire croire, la mondialisation est une fausse ouverture. Un faux va et vient.

Sauf qu'un beau jour arrive le Coronavirus.

Et il est intenable.

Il a le toupet de ne pas respecter les sens de circulation définis au sein des tuyaux de la mondialisation par ceux à qui elle profite.

Le virus n'en fait simplement qu'à sa tête.

Et lui - lui seul - réalise la vraie mondialisation égalitaire par laquelle le capitaliste qui a soif d'argent essaie de nous faire rêver pour mieux nous entourlouper.

Voilà les pauvres et les riches strictement égaux devant la mondialisation de l'épidémie.

Et cela bien sûr c'est proprement inadmissible.

Alors forcément c'est le drame, rien ne va plus. On panique, les bourses dégringolent, on ferme les aéroports, les avions sont cloués au sol.... et tombe les masques! La mondialisation montre son vraie visage.

L'impact présent de l'épidémie de coronavirus nous prouve que la vraie mondialisation, pure et sans arrière-pensée, la vraie mondialisation qui est partage total, au fond tout le monde sait bien que personne n'en veut.

J'aurais voulu, pour terminer ce billet, trouvé une belle citation d'un de mes auteurs favoris illustrant d'une manière frappante la grande égalité de tous devant la maladie et la mort... Mais rien ne me vient... Alors si d'aventure vous passez par là et que vous en avez une sous la main, je suis preneur!



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